Moody’s tempère le vent d’optimisme qui souffle sur les marchés japonais

Au-delà de 2014, le Japon doit mettre en place des réformes fiscales crédibles pour continuer de bénéficier de la politique instaurée par la BoJ
Patrick Aussannaire

Moody’s joue les Cassandre sur le Japon. «Un assouplissement monétaire de cette ampleur est inconnu, et l’efficacité réelle et le temps qu’il faut pour que les mesures de la BoJ produisent leurs effets attendus sur l’économie sont incertains», indique l’agence dans un rapport publié hier.

La note attribuée à la dette de l’Etat nippon a néanmoins été maintenue à Aa3, avec une perspective stable, du fait de l’importance de l’épargne domestique et de sa très solide position d’investisseur international qui immunise son économie des chocs externes de marché et génère des entrées de capitaux substantielles.

La dernière réunion du comité de la BoJ avait provoqué l’enthousiasme des marchés. «Cela faisait presque 20 ans que les investisseurs dans les marchés japonais n’avaient pu bénéficier d’une bonne surprise» estime la société de gestion GaveKal. Le rendement des obligations d’Etat (JGB) à 10 ans a chuté à un plus bas historique de 0,315% jeudi dernier à la suite de la réunion de la BoJ, avant de remonter à 0,53% hier.

Moody’s prévoit que les JGB continueront de bénéficier de la politique monétaire de la BoJ jusqu’en 2014. L’horizon devient néanmoins ensuite plus incertain, selon l’agence. Celle-ci souligne les risques d’une «crise de financement des JGB» qui mettrait en péril les faibles coûts de financement dont bénéficie actuellement Tokyo. En outre, la proportion de la dette d’Etat japonaise détenue par les investisseurs étrangers a atteint un record fin septembre 2012 de 9,1%, avant de redescendre légèrement à 8,7% fin 2012.

Dans ce contexte, Moody’s met en garde le gouvernement sur la nécessité d’accompagner ces mesures par une politique de réformes budgétaires crédible. «Une marée de liquidités bon marché n’aura certainement pas un effet durable sur le redémarrage de l’économie et pourrait conduire à des effets négatifs non désirés sans une politique de consolidation fiscale et la mise en place de réformes complémentaires tournées vers l’offre».

La semaine dernière, le gouverneur de la BoJ avait lui-même considéré devant le parlement que la dette du pays «n’est pas soutenable» et qu’une baisse de confiance dans l’état des finances publiques pourrait avoir «des effets extrêmement négatifs» sur l’économie. Le premier ministre Shinzo Abe a semblé entendre ces remarques hier en indiquant qu’un programme de réforme sera présenté pour empêcher toute hausse des rendements.

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