Merrill Lynch tourne dans la douleur la page des « subprime »

La perte record de 9,83 milliards de dollars pour le quatrième trimestre ne solde peut-être pas complètement la crise
Thierry ARNAUD à New York

John Thain et Vikram Pandit ont trois points communs. Le P-DG de Merrill Lynch et le directeur général de Citigroup viennent l’un et l’autre de prendre les rênes d’un établissement financier que la crise des financements immobiliers « subprime » a contraint à afficher des pertes proches de dix milliards de dollars pour le quatrième trimestre, un montant sans précédent dans les deux cas. Les deux nouveaux patrons ont employé le même adjectif pour qualifier ces résultats : « inacceptables ». Enfin, l’un et l’autre espèrent que les comptes ont été suffisamment apurés. Analystes et investisseurs ne sont pas tous convaincus. « On a fait à peu près 80% du chemin, » estime Rose Grant, gérante chez Eastern Investment Advisors. Le titre Merrill Lynch a perdu 10,2% au cours de la séance d’hier, à 49,45 dollars. Douglas Sipkin, analyste chez Wachovia Securities, relevait que ce cours valorisait Merrill Lynch environ 1,7 fois sa valeur comptable, alors que le ratio moyen des valeurs concurrentes se situe à 1,5.

La perte nette de Merrill Lynch ressort à 9,83 milliards de dollars, soit 12,01 dollars par action et environ trois fois plus que ce qu’anticipaient les analystes de Wall Street. La perte pour l’ensemble de l’année 2007 est de 7,8 milliards de dollars, le premier résultat annuel négatif depuis 1989. Merrill affiche 16,7 milliards de dollars de dépréciations au titre du quatrième trimestre, 25 milliards sur la seconde moitié de l’an dernier : en six mois, la totalité des bénéfices réalisés entre 2002 et 2006 ont été effacés.

11,5 milliards de dollars des dépréciations du quatrième trimestre sont attribuables aux obligations à collatéral (CDOs) et aux autres titres liés aux crédits subprime, 3,1 milliards de dollars à des opérations d’arbitrages avec des réhausseurs de crédit, et 900 millions de dollars à des prêts dits « alt-A », une version légèrement moins risquée des crédits subprime.

Merrill Lynch, la troisième maison de titres des Etats-Unis, affiche toutefois de bonnes performances dans la banque d’affaires, dont les revenus ont augmenté de 22% à 4,9 milliards de dollars, et la gestion d’actifs, en hausse de 18% à 14 milliards de dollars. Sous la direction de John Thain, Merrill Lynch a levé 12,8 milliards de capitaux au cours des deux derniers mois. La participation de 20% à l’agence d’information Bloomberg n’est pas à vendre, pas plus que les 49% détenus dans le gestionnaire d’actifs Blackrock, qualifiés d’« actif stratégique ».

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