L’Opep s’achemine vers une baisse record de ses quotas de production

L’efficacité de la décision du cartel sera plus grande si elle est coordonnée avec celle de pays producteurs non membres de l’Opep
Yves-Marc Le Reour

Frapper un grand coup. C’est ce que s’apprêtent à faire les membres de l’Opep réunis aujourd’hui à Oran, en diminuant vraisemblablement «de 2 millions de barils par jour (bpj) la production de brut de l’organisation», a indiqué hier le ministre saoudien du pétrole Ali Al Naimi. Cette baisse record interviendrait alors que le cartel est confronté cette année à la première chute de la demande mondiale de pétrole depuis 1983.

L’entrée en récession de pays fortement consommateurs d’or noir comme les Etats-Unis ou le Japon a en effet abouti à une accumulation des stocks d’autant plus préoccupante que 2009 devrait enregistrer un nouveau recul de la demande de 0,2 % à 85,7 millions de bpj, selon les dernières projections du cartel. Même la Chine a annoncé lundi une première baisse de sa demande de brut depuis près de trois ans.

«Il nous faut prendre une décision très forte» a affirmé hier le ministre du pétrole vénézuelien Rafael Ramirez. La réduction des quotas de production de 1,5 million de bpj décidée en octobre n’a en effet pas permis de freiner la chute des cours qui ont perdu plus de 100 dollars en 5 mois pour coter hier un peu au dessus de 45 dollars le baril, mettant ainsi en péril les finances publiques de certains pays producteurs. Le président de l’Opep, Chakib Khelil, a reconnu qu’avec une réduction des quotas de 2 millions, il faudrait encore plus de 6 mois au marché pour résorber l’excédent d’offre.

L’efficacité de la mesure pourrait cette fois être plus importante étant donné que la Russie, qui n’est pas membre de l’Opep, a décidé d’envoyer à Oran une délégation comprenant notamment les dirigeants des 5 plus grandes entreprises pétrolières du pays. «L’Opep a demandé à la Russie de réduire sa propre production de 200.000 à 300.000 bpj afin de soutenir les cours», a ainsi affirmé le PDG de Lukoil Vagit Alekperov. Ali Al Naimi a pour sa part déclaré que les pays producteurs non membres de l’Opep «devraient aussi réduire leur production, dans une proportion de 500.000 à 600.000 barils par jour». Une décision coordonnée permettrait sans doute d’éviter que le cours du brut ne s’éloigne davantage des 75 dollars considérés comme le «juste prix» par l’Arabie saoudite, premier exportateur mondial.

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