
Loïc Féry :«Le bureau parisien de Chenavari sera un hub pour l’Europe»

L’Agefi : Chenavari ouvre un bureau à Paris, qu’est-ce qui a motivé ce retour en France ?
Loïc Féry: Nous sommes pragmatiques dans notre développement. Chenavari a déjà été présent à Paris entre 2009 et 2012 lorsque nous avions repris les activités de Sgam AI. A cette époque, nous avons connu une hyper croissance qui compliquait la coexistence de deux équipes, une à Londres et une à Paris, de taille différente. Londres compte de nombreuses sociétés de gestion à l’ADN très français dont Chenavari. L’AMF et l’association Paris Europlace ont effectué un important travail pour tenter de les rapatrier en France en marge du Brexit. De notre côté, nous avons constaté que, même si nous sommes auprès d’investisseurs français majeurs, au total, la France ne représente que 10% de nos encours (5,1 milliards d’euros au total). C’est paradoxal pour Chenavari d’être régulièrement sélectionné par les institutionnels aux Etats-Unis et dans le nord de l’Europe et sous-représenté en France. C’est une anomalie que nous souhaitons corriger. Nous avons une offre obligataire diversifiante qui couvre l’ensemble du spectre de la dette alternative, à savoir le crédit sur les marchés publics (dette financière, high yield, ABS, CLO) et la dette privée. Nous en sommes à notre huitième CLO.
Quelles sont vos ambitions avec ce bureau parisien ?
Ce bureau sera à la fois notre hub pour servir nos clients établis dans les pays de l’Union européenne et un centre de gestion, avec des stratégies adaptées aux besoins des institutionnels. Il comptera une dizaine de personnes dont quatre gérants, à la fois des salariés relocalisés et des professionnels qui nous rejoignent. Deux gérants sont relocalisés à Paris pour la gestion de la poche financials du fonds Lyxor / Chenavari Credit Fund. Ce fonds qui a 6 ans d’existence, compte environ 757 millions de dollars d’encours et est très bien positionné sur son marché. Deux autres gérants ont intégré les effectifs, Gilles Castiel et Alix Baret Lardenois, deux spécialistes de l’immobilier commercial et de son financement en Europe continentale. La dette immobilière est un segment sur lequel nous intervenons depuis 2011 avec une importante présence hors de France. Nous avons le projet de lancer plusieurs fonds sur la dette immobilière avec notre base de clients institutionnels.
Quelle est votre vision pour Chenavari au global?
Nous visons, pour l’ensemble du groupe Chenavari, les 10 milliards d’euros d’actifs sous gestion dans les trois à cinq prochaines années et la société de gestion à Paris est stratégique dans notre développement. Nous ne sommes néanmoins pas dans une course à la taille mais à la qualité de la performance, que ce soit dans les fonds ou les mandats. Vu les marchés actuels et le niveau des spreads obligataires, je suis convaincu qu’on entre dans un nouveau cycle de crédit à l’image de celui vécu entre 2011 et 2016, d’où notre développement à Paris et en Europe continentale. Dans un contexte d’hyper inflation, l’obligataire devrait entrer dans un cycle très positif. Le rendement sera prépondérant. Même sur l’investment grade, en fonction du risque, vous pourriez avoir des rendements entre 5% et 10%. Nous souhaitons proposer des fonds attractifs avec des transactions collatéralisées et des LTV (loan to value) conservatrices calibrées sur la base de valeurs d’actifs déjà ajustées à la hausse des taux. Nous avons historiquement connu nos plus belles réussites dans ce type de contexte.
Quel regard portez-vous sur la dette privée ?
Depuis 2011, contrairement à beaucoup de gérants, nous avons fait le choix stratégique de nous positionner quasi exclusivement sur les financements collatéralisés par des actifs réels (financements maritimes, trade finance, immobilier) et sur le financement de portefeuilles de prêts granulaires (prêts à la consommation et prêts hypothécaires principalement) que nous originons en partenariat avec des sociétés de financement spécialisées. Ces portefeuilles sont beaucoup plus diversifiés et prévisibles que la dette privée classique et ces marchés présentent davantage de barrières à l’entrée. Nous travaillons directement avec des originateurs et nous avons acquis une position de leader en matière de dette privée sur les financements spécialisés. Ce sont des stratégies complémentaires aux stratégies de prêt direct aux entreprises (direct lending corporate) où beaucoup d’acteurs interviennent et qui, en 2023, pourraient souffrir de la probable l’augmentation des défauts des entreprises. La situation pourrait se compliquer pour rembourser les unitranches quand les entreprises auront moins accès à la liquidité. Or en dette corporate les portefeuilles sont concentrés sur 20 à 25 lignes, au contraire de nos portefeuilles qui portent sur des milliers d’emprunteurs et vous ne passez pas de 1 à 0 du jour au lendemain lorsque les entreprises font défaut.
L’intégralité de cet entretien (www.newsmanagers.com) est disponible sur notre site.
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