L’Europe retarde les discussions avec Moscou sur les projets de gazoducs

Les négociations sur South Stream sont gelées et la Commission européenne a demandé un complément d’informations pour l’extension de North Stream
Yves-Marc Le Réour

La crise ukrainienne complique les négociations entre l’Union européenne et la Russie dans le domaine du transport gazier. Dans un entretien accordé hier au journal allemand die Welt, le commissaire européen à l’énergie Günther Öttinger a ainsi fait part de sa volonté de laisser traîner en longueur les discussions avec Moscou sur le projet de gazoduc South Stream. «L’Europe n’a pas de problème d’approvisionnement de gaz, les stocks sont élevés et l’hiver touche à sa fin», fait valoir le commissaire allemand.

Ce chantier déjà lancé doit permettre à la Russie de contourner l’Ukraine afin de faire transiter via la Mer noire l’équivalent de 15% de la demande européenne de gaz d’ici à 2018. Mais il manque au projet South Stream des autorisations importantes pour être conforme au droit communautaire, comme l’obtention d’une dérogation aux dispositions encadrant la propriété des réseaux de distribution ou l’ouverture de ces réseaux à d’autres intervenants. La Bulgarie a indiqué hier qu’elle n’avait pas interrompu les travaux préparatoires de South Stream, censé fonctionner à partir de fin 2015, mais qu’elle «surveille de près» les relations entre Bruxelles et Moscou à propos de l’Ukraine.

Gazprom, qui détient le monopole de l’exportation du gaz russe, dispose d’un deuxième gazoduc nommé North Stream. Mais celui-ci fonctionne en dessous de son potentiel réel, dans l’attente d’une participation plus large de la compagnie publique russe au projet de gazoduc Opal, qui doit relier le nord-est de l’Allemagne, point terminal de North Stream, à la République tchèque. Opal, qui a une capacité de 36 milliards de m³, opère à la moitié de sa capacité depuis plus de trois ans. Sur ce dossier, la Commission européenne a également décidé de surseoir à sa décision, qui devait être publiée hier, en demandant un complément d’informations techniques.

Ces retards pourraient mettre à mal l’ambition de Moscou d’augmenter ses exportations de gaz naturel vers l’Europe «de 23% d’ici à 2035», selon l’estimation avancée hier par le ministre russe de l’Energie Alexander Novak. Les volumes exportés, qui attendrait 198 milliards de m³ à cette échéance, comprendraient une part de gaz naturel liquéfié. Ces chiffres préliminaires devraient être discutés par le gouvernement russe au mois de mai prochain. Moscou a d’autre part l’intention de développer fortement ses exportations de gaz vers l’Asie, particulièrement en direction de la Chine.

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