Les régulateurs américains veulent trouver des alternatives au Libor

Ils aimeraient que les taux interbancaires qui servent de référence à un nombre colossal de produits soient basés sur des transactions réelles
Solenn Poullennec

Les régulateurs américains veulent trouver rapidement des alternatives au Libor. Ils jugent que les taux de référence devraient être basées sur les transactions réelles, sous peine d’être facilement manipulables et donc peu crédibles. Il en va pour eux de la stabilité du système financier.

«Le petit nombre de transactions sur le marché interbancaire non sécurisé sur lequel se basent des taux de référence comme le Libor ainsi qu’une faible gouvernance nuisent à l’intégrité du marché et soulèvent des inquiétudes pour la stabilité financière», écrit le Conseil de supervision de la stabilité financière (Financial Stability Oversight Council ou FSOC), dans son rapport annuel. Le conseil a été créé par le Dodd-Frank Act et regroupe, sous la présidence du Trésor, les patrons de la SEC, de la CFTC, (Gary Gensler qui a déclaré au Financial Times que le Libor n'était pas «soutenable»), de la FDIC et des autres régulateurs.

Depuis la révélation par les contrôleurs de marché américains et britanniques d’une manipulation des taux interbancaires (Libor, Euribor et Tibor), les régulateurs internationaux ont tenté de rendre les indices plus crédibles. La Financial Conduct Authority britannique est désormais responsable du contrôle du Libor. Dans l’Union européenne, les autorités de régulation des marchés et des banques (Esma et EBA) travaillent à une réforme de l’Euribor avec l’Euribor-EBF qui le publie. Malgré cela, plusieurs banques ont déjà quitté le panel de l’Euribor, et le FSOC redoute que le Libor ne connaisse la même hémorragie.

«Même si des efforts nécessaires sont en cours au niveau international pour remédier aux lacunes en termes de gouvernance, ils ne peuvent pas résoudre le problème du nombre insuffisant de transactions, notamment sur les maturités les plus longues», juge le Comité. Le conseil recommande dans ce cadre «d’élaborer un plan pour permettre une transition vers des nouveaux taux de référence», basés sur des transactions réelles.

En Europe, l’Euribor-Ebf travaille sur d’autres références de ce type avec la BCE mais ne souhaite pas pour autant remplacer l’Euribor. Passer d’un taux de référence à un autre est extrêmement délicat compte tenu du nombre colossal de produits qui sont indexés dessus. Le FSOC souligne ainsi qu’un stock de 350.000 milliards de swaps (en montant notionnel) et 10.000 milliards de prêts est adossé au Libor.

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