Les producteurs d'étain ne parviennent pas à freiner la chute des prix

L'évolution du prix du métal devrait être dictée par un ajustement de l’offre plutôt que de la demande, compte tenu de la croissance mondiale actuelle.
S. Berthelet, C. Levesque, SMA Gestion

Dans l’univers des métaux de base, le cours de l’étain détient le record de la plus forte baisse depuis le début de l’année (-20%). Après quatre années de déficit, le bilan mondial de l’étain aurait été proche de l’équilibre en 2014 ce qui expliquerait la détente des prix.

L’année dernière, la production a en effet fortement augmenté (+4% vs. 2013) alors que la croissance de la consommation ralentissait (+1,6% ; 50% de l’étain mondial est utilisé pour la soudure, dans le secteur électronique en particulier). Aujourd’hui, le prix du métal approche les 15,000 dollars par tonne au LME. A ces prix, selon l’ITRI (International Tin Research Institute), plus de la moitié des producteurs seraient sous leurs coûts de production.

Pourtant fin 2013, l’Indonésie, deuxième producteur mondial, avait frappé fort en interdisant les exportations d’étain non raffiné. Cette mesure avait pour objectif de renforcer sa filière car, si le pays produit près de 26% du minerai d’étain mondial, il ne produit que 18% de l’étain raffiné. Après une légère hausse, cette décision aura finalement eu des effets négatifs sur les prix car d’autres pays producteurs en ont profité pour monter en puissance. Le Myanmar par exemple a doublé ses exportations d’étain vers la Chine.

La Chine, premier consommateur mondial, devenue importatrice depuis 2007, trouve ainsi des partenaires autres que l’Indonésie pour importer de l’étain de basse qualité. L’effondrement des prix s’est donc poursuivi et les producteurs indonésiens tentent à nouveau d’intervenir pour soutenir les cours, sans grand succès jusqu’ici. En mars dernier, un consortium des principaux producteurs indonésiens annonçait limiter ses exportations. Fin avril, ils haussaient le ton en affirmant qu’ils ne vendraient plus sous 17,000 $/t. Certains commencent à réduire leur production en attendant de meilleurs prix. Cependant, malgré ces annonces, le marché ne semble pas croire à une véritable rupture d’offre. Il est clair en effet que d’autres pays sont prêts à prendre la relève : Myanmar, Australie...

Dans les prochains mois, l’évolution du prix du métal devrait être dictée par un ajustement de l’offre plutôt que de la demande, compte tenu de la croissance mondiale actuelle. Pour 2015, l’ITRI anticipe le retour à un déficit important de 7,200 tonnes. Mais cette prévision ne se réalisera que si les producteurs parviennent à adopter une discipline stricte et commune pour ajuster leur production.

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