Les obligations sécurisées font de l’ombre à la titrisation

D’après la Banque centrale européenne, les « covered bonds » concurrencent les titres adossés à des prêts résidentiels (RMBS)
Tân Le Quang

Les obligations sécurisées peuvent avoir un impact indirect fort sur les titrisations. C’est l’analyse faite par le Comité de supervision bancaire (CSB) du Système européen des Banques centrales (SEBC), publiée hier par la BCE. Selon le CSB, en dépit de points communs avec les titrisations, les covered bonds s’en distinguent par le fait qu’elles ne permettent pas le transfert de risque et qu’elles bénéficient de protection, via le recours aux actifs sous-jacents de bonne qualité et offrant un degré suffisant de surdimensionnement, puis à des actifs non sécurisés de la banque émettrice. Lors des émissions, «les banques retiennent les actifs dans leur bilan ou fournissent des garanties sur des structures dédiées auxquelles les actifs sont transférés», rappelle le CSB.

Dès lors, côté demande, le succès dans de nombreux pays des dettes sécurisées se fait au détriment des titres adossés à des prêts résidentiels (RMBS), les deux classes d’actifs partageant le même type d’investisseurs, à savoir les banques et les institutionnels. Monopolisant cette année le marché primaire, les titres sécurisés peuvent limiter l’offre des prêts sous-jacents nécessaires au processus de titrisation.

La réglementation aussi pose problème. Afin de se conformer aux directives CRD2 et CRD3 et bénéficier de charges en capital plus faibles, les banques devront divulguer davantage d’informations. Et certaines règles touchant les produits titrisés détenus dans les «trading books» fixent des besoins en capital plus élevés. «La réglementation du futur ratio de liquidité pourrait se traduire par le report de la demande de la titrisation vers les covered bonds, vu que ces derniers reçoivent un traitement plus favorable sur les questions de liquidité», ajoute le CSB.

Pour autant, les RMBS constituent un axe de diversification plutôt que de substitution et peut répondre aux besoins d’autres types d’investisseurs. Au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, les RMBS n’ont pas été remplacés par les covered bonds. «Investisseurs et originateurs/banques examineront les coûts relatifs et les bénéfices de chaque produit avec attention, et il y aura un certain degré de compétition», ajoute le CSB. D’autant plus que les deux classes donnent des signes de convergence. Fin 2010 sont apparus des covered bonds adossés à des RMBS plus opaques et complexes à valoriser. A l’inverse, certaines titrisations sont plus simples et transparentes qu’avant.

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