Les fonds souverains des pays pétroliers réduisent la voilure

La Norvège et les pétromonarchies sont prêtes à entamer leurs réserves ou à faire tourner leur portefeuille d’actifs.
Amélie Laurin

Les grands gestionnaires d’actifs ont du souci à se faire. Pour assainir des finances publiques affaiblies par la baisse du cours de l’or noir, divisé par deux depuis 2014, les pays producteurs de pétrole et de gaz commencent à puiser dans leurs fonds souverains. L’enjeu est de taille car ces derniers totalisent 4.159 milliards de dollars (3.688 milliards d’euros) d’encours, selon le Sovereign Wealth Fund Institute.

Pour la première fois depuis sa création, le fonds norvégien va se délester de 3,7 milliards de couronnes (402 millions d’euros) pour combler le budget national, a annoncé Oslo mercredi. La ponction a provoqué l’émoi de l’opposition mais sera inférieure aux 4% d’intérêts annuels attendus par Norges Bank Investment Management (NBIM).

La baisse des ressources du numéro un des fonds souverains pourrait avoir davantage de conséquences sur les marchés et sur les gestionnaires d’actifs extérieurs qui gèrent une partie de ses avoirs, en rendant plus difficile la rotation du portefeuille. NBIM, qui gère plus de 750 milliards d’euros, aura reçu 38 milliards de couronnes d’argent frais cette année contre 156 milliards en 2014. Le gouvernement étudie aussi la possibilité d’augmenter le plafond de sa poche actions au-delà de 60%, pour contrebalancer la baisse de rendement de son portefeuille d’obligations, liée au contexte de taux bas.

Dans le Golfe, les Emirats Arabes Unis passent en revue les actifs de leurs sociétés publiques pour résorber leur déficit, le premier depuis la crise de 2009, annonçait Bloomberg mercredi. Outre des cessions d’actifs (crédit à la consommation, gestion de flotte auto…), le pays envisage des retraits d’argent de l’Abu Dhabi Investment Auhority, deuxième fonds souverain mondial. La société publique Abu Dhabi National Energy (dite Taqa) a aussi confié un mandat à Blackstone afin d’étudier toutes les options pour son portefeuille obligataire de 24 milliards de dollars.

De son côté, le fonds souverain du Koweit «envisage de vendre et d’émettre des obligations au quatrième trimestre», relèvent les analystes de la Société Générale. L’Arabie Saoudite a déjà enclenché le mouvement en retirant 73 milliards de dollars de son fonds souverain depuis l’an dernier, selon le Financial Times. Tous les pays n’ont pas pour autant la même stratégie. Contrairement à la Norvège, Riyad chercherait à réduire sa sensibilité aux marchés actions.

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