
Les fonds climat ne sont pas toujours conformes à l’Accord de Paris

Au lendemain de la révélation de l’enquête des autorités américaines sur DWS, une étude alimente les interrogations sur la sincérité des engagements ESG des gérants d’actifs. La majorité des fonds climat ne sont pas alignés avec les objectifs de l’Accord de Paris, alors qu’ils prétendent l’être, montre une nouvelle étude d’InfluenceMap. Sur 130 fonds climat représentant 67 milliards de dollars d’actifs nets, 72 (soit 55 %) ont obtenu des notes négatives d’alignement à l’Accord de Paris.
En outre, les fonds climat continuent à détenir des entreprises appartenant à la chaîne de valeur de production des énergies fossiles pour un montant cumulé de 153 millions de dollars. Les valeurs de ce secteur les plus souvent détenues dans les portefeuilles sont TotalEnergies, Kinder Morgan, Enbridge, Neste, Halliburton, Chevron et ExxonMobil.
Une grande partie des fonds actions climat analysés dans l’étude affichent des niveaux de non-alignement au climat similaires à ceux des indices de marché, relève InfluenceMap. «Les fonds qui ne sont pas alignés fournissent donc un attrait climat limité par rapport au marché. Ce phénomène résulte en grande partie d’une prévalence des stratégies passives», expliquent les auteurs de l’étude.
Manque de cohérence
La plupart des sous-catégories de fonds climat affichent des notes négatives d’alignement à l’Accord de Paris. La seule exception semble être les fonds «énergies propres» qui sont lourdement investis dans les entreprises d’énergies renouvelables, ce qui leur assure des notes positives.
Sur les cinq plus gros fournisseurs de fonds climat en termes d’encours que sont BlackRock, BNP Paribas, UBS, State Street et Invesco, seuls BNP Paribas et Invesco affichent globalement des scores d’alignement positifs, même si la situation varie d’un fonds à l’autre.
L’étude montre encore qu’il existe un spectre énorme de termes utilisés pour décrire les stratégies thématique climat dans les fonds actions. Cela rend difficile, même dans les bases de données financières, la comparaison entre fonds.
«Le manque de cohérence et les grandes variations dans l’utilisation des termes pour la dénomination et la commercialisation des fonds ESG et à thème climatique sont susceptibles d’inciter les décideurs à réglementer plus étroitement le secteur», conclut l’étude. Un mouvement qui vient d’être amorcé…
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