Les fondations de la reprise française restent encore fragiles

La consommation des ménages est tirée par les dépenses d'énergie et, surtout, l’investissement des entreprises ne redémarre pas
Olivier Pinaud

«Une bonne nouvelle n’est pas une mauvaise nouvelle déguisée.» Les économistes de RBS ne veulent pas bouder leur plaisir: la croissance de 0,3% du PIB de la zone euro au deuxième trimestre marque la fin d’une profonde récession entamée il y a un an et demi. Pour autant, il ne s’agit pas de sombrer dans l’euphorie. Les fondations de la reprise restent encore très fragiles. A ce titre, le cas de la France est emblématique.

La croissance de 0,5% enregistrée au deuxième trimestre, après deux trimestres dans le rouge, est la plus forte depuis début 2011. Un rebond permis par la demande intérieure finale (hors stocks), en augmentation de 0,3 point au deuxième trimestre, contre -0,1 point le trimestre précédent. Les seules dépenses de consommation des ménages ont augmenté de 0,4% au deuxième trimestre après leur recul de 0,1% entre janvier et mars. Mais cette progression provient de la mauvaise météo du printemps, qui s’est traduite par un bond de 2,4% des dépenses en énergie, et par une reprise des achats d’automobiles (+2,1%). Ceux-ci étaient tombés à leurs plus bas niveaux après une année de baisse continue, d’où un effet de base favorable.

De même, si les exportations ont augmenté de 2% après une baisse de 0,5% au trimestre précédent, les importations ont effacé l’effet positif avec une augmentation de 1,9% (après +0,1%). Le solde extérieur a donc une contribution comptable nulle sur la croissance du PIB, signe du déficit de compétitivité encore réel des entreprises françaises.

Autre point noir majeur: en recul continu depuis 18 mois, l’investissement, principal moteur durable de l’emploi et de la consommation, ne redémarre pas. Il a baissé de 0,5% au deuxième trimestre, soit un sixième repli trimestriel consécutif de recul. Celui des entreprises a plié de 0,1% et celui des ménages de 1,7%. Sans reprise de cette composante, la croissance aura du mal à accélérer dans les prochains trimestres.

Pour beaucoup d’économistes, le rythme du deuxième trimestre est intenable. Dans sa dernière note de conjoncture, l’Insee tablait sur une stagnation du PIB au troisième trimestre et sur une légère hausse (+0,1%) au quatrième. L’acquis de croissance annuelle à mi-année est de 0,1%, ce qui conforte la prévision de hausse de 0,1% du PIB pour cette année figurant dans le programme de stabilité du gouvernement. Ni plus, ni moins.

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