Les émetteurs irlandais de dette sortent du purgatoire

Bank of Ireland a émis hier pour un milliard d’euros d’obligations sécurisées, une première pour une banque depuis que l’Irlande est sous perfusion
Alexandre Garabedian

Bank of Ireland (BoI) met fin à deux ans de disette. La banque irlandaise a placé hier pour un milliard d’euros d’obligations sécurisées à 3 ans, à un spread de 270 points de base au-dessus des mid-swaps.

C’est la première fois qu’un établissement de crédit du pays parvient à lever de l’argent sur le marché obligataire depuis octobre 2010: Bank of Ireland, déjà, avait alors placé 750 millions d’euros de titres bénéficiant d’une garantie d’Etat, un mois avant que l’Irlande ne passe sous programme d’aide de ses partenaires européens.

Organisé par Citigroup, Morgan Stanley, Nomura, RBS et UBS, le placement est un succès si l’on considère que les titres sont exclusivement adossés à des prêts immobiliers résidentiels en Irlande. Bank of Ireland envisageait encore mardi matin de lever «au moins 500 millions d’euros», selon des sources de marché. Le livre d’ordres a atteint 2,5 milliards d’euros: le papier a été placé à 37% auprès d’investisseurs allemands et autrichiens, à 19% chez les britanniques, et à 2% seulement auprès de comptes domestiques.

Bank of Ireland avait envoyé un signal positif au marché avant l’opération, en se disant prête à sortir du mécanisme de garantie publique dont bénéficie sa dette hors covered bonds. Accordées par Dublin à l’ensemble du secteur bancaire en septembre 2008, ces garanties couvraient 136 milliards d’euros de passifs de BoI à cette date. L’encours est tombé à 36 milliards d’euros fin juin, et à moins de 28 milliards en novembre. En réduction, le ratio de prêts sur dépôts atteint encore 136%. BoI a aussi annoncé hier que ses marges se redressaient et que le rythme de croissance de ses encours douteux ralentissait.

La réouverture du marché de la dette à un acteur bancaire succède au retour partiel du souverain cet été, l’Irlande ayant émis sur plusieurs échéances. Le regain de bienveillance des investisseurs contraste cependant avec la situation économique du pays, qui reste très fragile malgré les efforts consentis.

Dans ses dernières prévisions, l’Union européenne table sur un déficit budgétaire de 8,4% du PIB cette année et 7,5% en 2013. La dette, elle, devrait encore croître à 122,5% du PIB l’an prochain. «L’UE estime aussi que l’Irlande a le déficit structurel primaire le plus élevé parmi les Etats membres», souligne Michael Saunders, économiste de Citigroup.

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