Les créanciers d’AIB essuient les plâtres de la loi de restructuration bancaire irlandaise

La justice a décidé de modifier unilatéralement les termes de la dette subordonnée de la banque, une décision contestée par certains investisseurs
Alexandre Garabedian

Depuis une semaine, les créanciers juniors d’Allied Irish Bank vivent à l’heure d’une restructuration de dette. En cause, la décision de la Haute cour irlandaise de changer unilatéralement les termes de la dette subordonnée de la banque le 14 avril. Mercredi, deux investisseurs new-yorkais, le fonds Aurelius Capital et la banque Abadi, ont d’ailleurs choisi de contester cette décision en justice. L’audience est prévue le 3 mai.

La Haute cour n’a fait qu’utiliser, pour la première fois, les dispositions de la loi de restructuration bancaire que Dublin a votée fin 2010. Sa décision s’applique à 18 lignes obligataires d’AIB, soit tous les instruments de capital réglementaire tier 1 et tier 2, pour un total de 2,7 milliards d’euros. Le paiement des coupons sur ces titres sera désormais optionnel, et tout porte à croire que la banque s’abstiendra de rémunérer ses créanciers. La maturité de 11 lignes non perpétuelles a aussi été étendue jusqu’en 2035.

Ces modifications devraient permettre à AIB de lancer, dans les semaines qui viennent, une offre de rachat sur ces titres avec une forte décote, pour faire participer ses créanciers subordonnés à sa recapitalisation. D’après les tests de résistance publiés fin mars par l’Irlande, l’établissement a besoin au total de 13,3 milliards d’euros de capital supplémentaire. Les conditions de cet «exercice de gestion du passif», comme l’appelle Dublin, n’ont pas encore été dévoilées.

La décision de la justice irlandaise crée donc un précédent sur les marchés de crédit. Techniquement, elle devrait constituer un événement de crédit, qui déclencherait le règlement des contrats de credit default swaps (CDS). S&P a dégradé mercredi la dette lower tier 2 de la banque à CC, en attendant de la passer à D lorsque les modifications deviendront effectives. «L’extension de la maturité des obligations à 2035 constitue un événement de restructuration», confirme Olivia Frieser, analyste crédit chez BNP Paribas. Mais les acheteurs de protection sur les titres subordonnés n’auraient pas intérêt à demander le règlement des CDS en raison de perspectives de recouvrement très faibles.

L’arrêt du paiement des coupons par AIB constituerait un autre cas pouvant déclencher le règlement des CDS. Cette perspective n’interviendrait cependant pas avant juin, selon les calculs de BNP Paribas.

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