Les banques sont plus strictes à l'égard des créanciers obligataires

Les mésaventures des créanciers d’Intesa Sanpaolo qui a supprimé unilatéralement une clause de rachat anticipé pourraient se multiplier
Krystèle Tachdjian

La dégradation du contexte économique pousse les banques de la zone euro à se montrer plus restrictives dans leur politique de call portant sur leur dette subordonnée, une tendance qui devrait se poursuivre à l’avenir selon les analystes financiers. Se retranchant derrière la nécessité de s’adapter à l’environnement dégradé, l’espagnole BBVA a renoncé mi-octobre à exercer une option de rachat à 100 % d’une partie de sa dette subordonnée. Elle a ainsi préféré garder son cash pour se contenter de lancer une offre de rachat anticipé à prix décoté sur des obligations lower tier 2 pour un montant de 2,9 milliards d’euros.

Plus récemment, l’italienne Intesa Sanpaolo est même allée jusqu’à modifier unilatéralement la documentation juridique de titres lower tier 2. Elle a ainsi supprimé les clauses de rachat anticipé de titres subordonnés, et lancé dans le même temps une offre d’échange jugée pénalisante. Dans ce type d’offre, les gros porteurs risquent en effet de ne pas pouvoir sortir entièrement et de se retrouver collés avec du papier peu liquide.

Mais cette manœuvre permet aussi à la banque d’augmenter la probabilité que les titres continuent à être comptabilisés comme des instruments tier 2 dans les fonds propres réglementaires. Dans une note récente, les analystes de Barclays estiment que ces annonces marquent «un tournant dans le secteur, et que d’autres banques pourraient progressivement se baser sur des critères purement économiques lorsqu’il s’agit d’exercer les calls de dette subordonnée». Selon eux, cela signifie aussi que la «valeur de réputation des banques attachées à la politique de call est en déclin». Ils s’attendent à ce que les banques des pays périphériques comme UniCredit soient les principales concernées par ces évolutions stratégiques en matière d’option de rachat de dette subordonnée du fait de la mauvaise conjoncture.

Les coûts de refinancement des banques des pays fragiles de la zone euro demeurent élevés, ce qui devrait conduire celles-ci à se montrer plus strictes. A terme, il y a même un risque que ces coups de canifs dans les contrats obligataires s’étendent aux banques au-delà des périphériques, et au segment de dette tier 1, juge Barclays.

Les analystes de la Société Générale soulignent que ces changements pourraient avoir un impact négatif sur la valorisation des dettes lower tier 2 notamment pour les banques françaises.

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