Les banques privées suisses font les frais de la chasse à l'évasion fiscale

La zurichoise Bank Frey a annoncé cesser ses opérations du fait d’une escalade des coûts devenue insupportable pour un petit établissement
Benoît Menou

Nouveau coup de tonnerre dans la banque privée en Suisse. Bank Frey & Co, contrôlée par la famille fondatrice et assurant à fin 2012 la gestion de 1,9 milliard de francs suisses (1,5 milliard d’euros), a indiqué la semaine passée cesser ses activités. «Financièrement saine», la banque «ne sera pas liquidée», a-t-elle tenu à préciser.

Bank Frey justifie cette décision par «des conditions de marché toujours plus difficiles, des réglementations toujours plus fortes et les exigences insoutenables auxquelles les petites banques privées doivent se conformer», en particulier celles liées aux accords de transparence fiscale entre la Suisse et les Etats-Unis. Bank Frey clame avoir subi ces derniers mois une escalade des coûts devenus incompatibles avec le maintien d’une rentabilité adéquate pour une banque privée de taille modeste.

Exprimant ses «profonds regrets», le président Markus Frey a estimé qu’il n’était tout simplement plus possible pour un établissement comme le sien d’assurer ses services transfrontaliers.

Bank Frey n’est pas un cas isolé, la réglementation, particulièrement en lien avec la transparence des avoirs des clients fortunés, constituant un boulet pour les établissements suisses. Fin septembre, Andreas Lenzhofer, associé du consultant Booz cité par le Financial Times, soulignait que seize banques avaient été liquidées dans le pays depuis le début de l’année. Le quotidien estimait à 7.000 le nombre de postes potentiellement en danger sur les 20.000 liés à la gestion d’actifs transfrontalière selon l’Association suisse des banquiers.

L’accord fiscal entre la Suisse et les Etats-Unis comme la directive européenne sur les marchés d’instruments financiers (MIF) impliquant l’installation effective des banques suisses dans chacun des pays où elles souhaitent avoir des clients, contribuent à la pression grandissante sur les banques, dont certaines n’ont pas les moyens de s’adapter.

Le sujet du différend fiscal avec les autorités américaines avait déjà coûté en janvier son existence à la vénérable Bank Wegelin. L’accord noué entre les Etats cet été exclut 14 banques déjà sous le coup d’une enquête de la part du Département de la justice. Parmi celles-ci, Credit Suisse, Julius Baer et Bank Frey, quand bien même cette dernière assure ne pas se trouver sous la menace d’une mise en accusation et entend bien continuer à collaborer activement avec les autorités des deux pays.

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