
Les assureurs restent attirés par les actifs illiquides

Le titre du GSAM Insurance Survey 2019, apposant deux termes a priori contradictoires, est bien trouvé : «Prudemment opportunistes». C’est exactement ce qu’il ressort des résultats de cette huitième enquête de Goldman Sachs AM sur l’assurance, portant sur les allocations de 307 compagnies dans le monde, représentant à elles seules 5.000 milliards de dollars d’actifs sous gestion.
Ainsi, à la question de savoir quel était le risque macroéconomique le plus prégnant pour leurs portefeuilles, la réponse la plus fréquemment citée, pour 35% des répondants, est un ralentissement ou une récession américaine. Ils sont, par ailleurs, 68% à faire figurer ce sujet dans leurs trois premiers critères de risque. Pour rappel, en 2018, les réponses étaient, sur ce point, de respectivement 24% et 54%. Mais, paradoxalement, si les assureurs craignent une récession, ils ne l’anticipent pas encore pour cette année. Ils sont uniquement 2% à la voir arriver en 2019, et seulement 41% en 2020.
Cette crainte engendre tout de même des ajustements dans la manière dont les assureurs gèrent leurs allocations. Ainsi, ils sont 27% à envisager de diminuer leur risque actions dans les 12 prochains mois, contre 17% qui pensent l’augmenter. A contrario, 30% d’entre eux ont l’intention d’accroître leur risque de crédit, contre 22% qui veulent le baisser. Il n’est pas étonnant alors que le principal point susceptible de faire évoluer leur portefeuille soit, cette année, le risque de détérioration du crédit, alors qu’en 2018, c’est la hausse des taux qui les préoccupait davantage. Ce dernier point est en adéquation avec le fait qu’ils sont aujourd’hui 30% à projeter d’augmenter leur risque de duration contre 9% à vouloir le réduire.
Là est peut-être «l’opportunisme» dont parle Goldman Sachs AM, car les assureurs profitent de l’assouplissement des politiques monétaires des banques centrales de ce début d’année pour réadapter leur duration à leurs exigences de passif alors qu’ils l’avaient fortement baissée auparavant.
Enfin, stars de ces dernières années, les actifs illiquides sont toujours recherchés par les assureurs. Par ordre de préférence, ces derniers souhaitent augmenter leurs allocations en non-coté (pour 36% d’entre eux), en dette d’infrastructure (31%), en prêts aux entreprises (26%), ou encore en prêts hypothécaires commerciaux (25%). Et ce même si certains de ces actifs ont aujourd’hui atteint des prix au-dessus de leur moyenne historique.
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Paris - Une photographie de l’exposition aux pesticides: les riverains des vignes sont plus imprégnés que les autres Français, démontre une étude nationale inédite, dévoilée lundi par deux agences sanitaires, sans déterminer à ce stade les impacts potentiels sur la santé. Très attendue, dans un contexte d’inquiétudes croissantes mais aussi de tensions avec une partie du monde agricole, l'étude PestiRiv a mesuré la présence de 56 substances dans l’urine et les cheveux de 1.946 adultes et 742 enfants, ainsi que dans l’air extérieur, les poussières et l’air des habitations, plus quelques potagers. D’une ampleur inédite, elle a porté en 2021-2022 sur 265 sites dans six régions viticoles (Grand Ouest, Bourgogne Franche-Comté, Auvergne Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine). Ce travail de Santé publique France et de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a aussi recherché d’autres sources d’exposition potentielles (alimentation, modes de vie). «Cohérents» avec ceux d'études aux Etats-Unis et aux Pays-Bas, selon les deux agences, les résultats montrent que les riverains des vignobles «sont plus exposés aux produits phytopharmaceutiques (fongicides, herbicides, insecticides ndlr) que ce(ux) vivant loin de toute culture». Ils ont été communiqués aux parties prenantes (exploitants, élus locaux, ONG...) La majorité des substances, spécifiques à cette culture (folpel, métirame) ou pas (glyphosate, fosétyl-aluminium, spiroxamine...), ont été retrouvées près des vignes - culture choisie pour sa forte consommation de ces produits et sa proximité des habitations. Enfants plus imprégnés Dans les zones viticoles (à moins de 500 mètres) ont été retrouvés des niveaux de contamination parfois supérieurs de «45% dans les urines», «plus de 1.000% dans les poussières», «12 fois» plus grands dans l’air ambiant, comparé aux zones à plus d’un kilomètre de toute culture, a détaillé à la presse Clémence Fillol (SpF). En période de traitement des cultures, les «niveaux de contamination pouvaient augmenter de jusqu'à 60% dans les urines ou selon les pesticides mesurés», de «plus de 700% dans les poussières, jusqu'à «45 fois dans l’air ambiant», a-t-elle poursuivi. Deux facteurs principaux sont apparus dans cette exposition: elle augmente avec la quantité de pesticides épandue et diminue avec l'éloignement des vignes, a précisé Ohri Yamada (Anses). La durée d’aération du logement et du temps passé à l’extérieur jouent aussi, dans une moindre mesure. Les enfants de 3 à 6 ans étaient plus imprégnés, car «davantage en contact avec le sol» ou portant les mains à leur bouche, «par leur apport alimentaire aussi», a précisé Mme Fillol. Les moins de trois ans n’ont pas été inclus, les scientifiques invoquant des difficultés concrètes (recueil d’urine...). Et trop peu de viticulteurs et ouvriers agricoles ont participé pour établir une imprégnation spécifique. Autre limite: les chercheurs n’ont pas pu accéder aux «données réelles d’utilisation des produits phytopharmaceutiques», et ont dû employer «une méthode très complexe et très chronophage» pour reconstituer les quantités de pesticides épandues. Surtout, cette photographie n'évalue pas les effets de ces expositions sur la santé. «Nous ne disposons pas aujourd’hui de lien entre les niveaux d’imprégnation retrouvés et des éléments cliniques en santé humaine», notamment sur des cancers, a résumé Benoît Vallet, directeur général de l’Anses. D’autant que d’autres expositions environnementales (métaux lourds, particules fines, etc) peuvent influer. Cette étude «ne prétend pas répondre à toutes les questions», a souligné Caroline Semaille, directrice générale de SpF, et «d’autres grandes enquêtes avec l’Anses viendront compléter ses premiers résultats». Même si les niveaux d’exposition ne dépassent pas ceux anticipés dans les autorisations de mise sur le marché (AMM) de pesticides, les agences recommandent, par précaution, de «réduire au strict nécessaire le recours aux produits phytopharmaceutiques», avec notamment une application «ambitieuse» de la stratégie Ecophyto. Autre préconisation: informer les habitants avant les traitements pour qu’ils puissent adapter leur comportement: se déchausser en rentrant chez soi, nettoyer le sol, sécher le linge à l’intérieur, etc. «Cette étude confirme nos craintes», a commenté à l’AFP François Veillerette, porte-parole de Générations futures, inquiet du «peu d’empressement (de l’Etat ndlr) à relancer le plan Ecophyto», qui prévoit de diminuer par deux l’usage des pesticides d’ici 2030. L’ONG appelle à élargir les zones sans traitement (actuellement 10 mètres pour la vigne) et à accélérer la conversion au bio. Le Comité national des interprofessions des vins (CNIV) a insisté sur une amélioration des pratiques du secteur depuis dix ans, appelant aussi les fabricants de pesticides à faire évoluer leurs produits. Rébecca FRASQUET © Agence France-Presse