Le triomphe du « silo »

Philippe Mudry

Sans attendre les détails encore non publiés de la fusion Deutsche Börse-Nyse Euronext, il y aura, n’en doutons pas, bien des observateurs qui pousseront les hauts cris pour déplorer la marginalisation de la place boursière française telle qu’elle ressort de l’opération. Pour être pleinement audibles, encore faudrait-il que ceux-ci s’interrogent en contrepartie sur ce qu’il serait advenu de la Bourse française si celle-ci avait, comme elle l’a recherché en son temps, préféré un mariage allemand ou opté au contraire pour un splendide isolement. Serait-elle aujourd’hui mieux placée ? Aurait-elle mieux résisté aux bouleversements survenus sur les marchés organisés, surtout en Europe où la directive MIF a eu des conséquences radicales ? On peut en douter. Sans doute l’une des clés de l’évolution des places boursières réside-t-elle plutôt dans la manière dont elles ont su conserver des activités post-marchés intégrées. Euronext a rompu avec ce modèle, alors que c’est de ses activités de compensation et de règlement-livraison que Deutsche Börse tire aujourd’hui une bonne partie de sa puissance. Il sera d’ailleurs fort intéressant de connaître l’avis de Bruxelles sur ce point de la fusion. Car la Commission a toujours critiqué le modèle en «silo» que la Place allemande, l’histoire le montre, a fort bien fait de conserver. Avalisera-t-elle l’accord sans sourciller ou tirera-t-elle la conséquence logique de ses critiques ?

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