Le torchon brûle entre la banque centrale et le gouvernement chypriote

Le gouverneur de la banque centrale, sous le feu des critiques du président, ne prévoit pas de lever le contrôle des capitaux avant environ un an
Patrick Aussannaire

Les esprits s’échauffent au sein des autorités chypriotes. Le gouverneur de la banque centrale du pays, Panicos Demetriades, a reconnu lui-même dans un entretien accordé au Financial Times que le dysfonctionnement qui existait entre lui et le président Nicos Anastasiades «ne constitue pas un climat d’affaires supportable», tout en précisant qu’il était hors de question qu’il démissionne de ses fonctions.

Une réponse à Nicos Anastasiades qui avait indiqué la semaine dernière avoir constitué un dossier déposé auprès de la Cour Suprême contre le gouverneur de la banque centrale, dans le but de le pousser vers la sortie, le jugeant «inapte à l’exécution de ses responsabilités».

De quoi faire sortir le président de la BCE de sa réserve. Mario Draghi a ainsi alerté le gouvernement chypriote sur le fait que l’autorité européenne verrait d’un mauvais œil «toute tentative de restreindre ou de menacer ou de porter atteinte à l’indépendance de la banque centrale».

En outre, Panicos Demetriades a jeté de l’huile sur le feu en précisant au Financial Times que la banque centrale ne prévoyait pas de lever le contrôle des capitaux avant environ un an, jugeant «trop ambitieux» l’objectif du gouvernement de le retirer en janvier prochain. Il estime ainsi que les banques ne devraient pas atteindre avant ce délai leurs objectifs définis dans le cadre du plan de sauvetage du pays de 10 milliards d’euros orchestré par la Troïka, n’hésitant pas à qualifier la nouvelle institution chargée des banques en faillite, et pilotée par le gouvernement, de «dysfonctionnelle» et «bureaucratique».

Mi-octobre, le gouvernement a adopté un budget 2014 qui va au-delà des mesures exigées par ses créanciers internationaux, avec une baisse des dépenses de l’Etat de 10%, le remplacement d’un seul départ à la retraite sur quatre dans la fonction publique, la hausse d’un point du taux de TVA et une hausse des taxes sur les carburants. Dans le même temps, le contrôle des capitaux a été assoupli, les sociétés étant à présent autorisées à effectuer des transferts allant jusqu’à un million d’euros.

Pourtant, les restrictions sur les déposants individuels restent fortes, avec des retraits autorisés ne pouvant excéder 300 euros par jour, l’interdiction de transformer ses chèques en espèces et l’impossibilité pour les épargnants de retirer plus de 20% de leurs dépôts arrivant à maturité.

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