Le système bancaire espagnol réduit sa dépendance au financement BCE

L’utilisation de la « liquidité banque centrale » est tombée à son plus bas niveau depuis janvier 2008. Le marché du repo prendrait en partie le relais
Alexandre Garabedian

Le relatif découplage à l’œuvre entre l’Espagne et le trio Portugal-Irlande-Grèce sur le marché obligataire s’observe aussi dans la dépendance du système bancaire au financement BCE. La Banque d’Espagne a évalué hier à 41 milliards d’euros net, en mars, le recours quotidien moyen des banques espagnoles à la liquidité BCE lors des opérations de prises en pension de la banque centrale. Soit le niveau le plus bas depuis 2008. En juillet dernier, ce montant avait atteint le niveau record de 142 milliards.

Les économistes d’ING soulignent que les banques espagnoles ont réussi ces derniers mois à substituer aux fonds BCE un financement effectué sur le marché du repo auprès de prêteurs étrangers. De 20 milliards en moyenne entre janvier 2007 et la mi-2010, cette source représente désormais plus de 100 milliards. «Bien que le marché du repo montre une volonté croissante de financer les banques espagnoles, les risques de refinancement n’ont pas disparu», note cependant ING. La restructuration des caisses d'épargne reste notamment un problème.

Plus surprenant, les prêteurs portugais ont aussi réduit leur recours au financement BCE en mars (à 39 milliards), alors même que le pays se dirigeait vers une demande de soutien européen. Comme leurs voisines espagnoles, certaines banques portugaises ont adhéré à LCH.Clearnet afin d’accéder au marché international du repo.

Le financement BCE représente tout de même autour de 7% des actifs bancaires portugais, contre 1% environ pour le secteur bancaire espagnol. Les chiffres irlandais et grecs sont encore plus inquiétants. La liquidité banque centrale représente 18% des actifs bancaires grecs. Pour les banques irlandaises, la tendance est à la baisse depuis quatre mois, et le ratio est repassé sous la barre des 8%. Mais les apparences sont trompeuses: la BCE a volontairement réduit ses injections de liquidité, et c’est la banque centrale irlandaise qui a pris le relais à travers une ligne d’urgence qui atteignait 67 milliards à fin mars. Les banques irlandaises domestiques financent donc l’équivalent de 20% de leurs actifs grâce à l’action combinée des institutions monétaires. «Heureusement pour les banques du Portugal, d’Irlande et de Grèce ‘accros’ à la liquidité banque centrale, il est peu probable que la BCE prenne des mesures à court terme pour les faire décrocher de ses prêts d’urgence», souligne ING.

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