Le soja américain, cas d’école des tensions commerciales

Alexandre Garabedian

Personne ne doutait que la Chine réponde du tac au tac aux sanctions commerciales des Etats-Unis. Les marchés financiers ont pourtant accusé le coup mercredi, et cela pour deux raisons. D’abord, la rapidité de la réaction. Pékin a annoncé des droits de douane de 25% sur une centaine de produits américains importés, onze heures seulement après que Washington eut dévoilé des mesures similaires. Surtout, la liste publiée par la Chine témoigne d’une escalade inquiétante entre les deux puissances commerciales.

Le cas du soja américain est à cet égard exemplaire. Avec d’autres matières premières agricoles comme le maïs et le coton, il se retrouve aujourd’hui visé par les mesures de rétorsion chinoises. Or, les Etats-Unis sont le premier producteur mondial de soja juste devant le Brésil. Ils en exportent chaque année pour environ 12 milliards de dollars vers la Chine, qui constitue de loin leur premier marché. Avec ces nouveaux tarifs douaniers, Pékin cible donc clairement l’électorat rural de Donald Trump, celui des Etats agricoles comme l’Iowa. Le prix des contrats sur le soja américain traités à la Bourse de Chicago, ont plongé de plus de 5% durant la séance de mercredi.

Mais la Chine joue également gros dans ce dossier. Elle importe massivement du soja américain pour nourrir ses élevages de porcs, dont elle est à la fois le premier producteur et consommateur au monde. Bien sûr, les exportateurs de soja brésiliens et argentins se feront un plaisir de supplanter leurs concurrents nord-américains. Mais il n’est pas sûr que Pékin parvienne à couvrir ses besoins sans s’exposer à une hausse des prix qui pénaliserait son industrie alimentaire et in fine, ses consommateurs. Si la Chine a montré sa fermeté, elle a tout intérêt, comme les Etats-Unis, à ce que la négociation reprenne ses droits.

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