Le resserrement monétaire au Brésil ne peut endiguer la chute du real

Malgré un budget restrictif et une nouvelle hausse des taux directeurs à 13,75%, la devise brésilienne a cédé 2,5% cette semaine contre dollar.
Patrick Aussannaire

La banque centrale brésilienne (BCB) poursuit sa course effrénée au resserrement monétaire. Le taux Selic a été relevé de 50 pb hier pour être porté à 13,75%. Il s’agit de la sixième hausse depuis octobre dernier d’une ampleur cumulée de 275 pb, ce qui n’a pas empêché le taux d’inflation de grimper au-dessus des 8% à son plus haut niveau depuis onze ans.

«Une partie des prix administrés a été normalisée depuis l’arrivée de Joaquim Levy au ministère des Finances, ce qui explique le choc inflationniste survenu en ce début d’année et une politique monétaire particulièrement restrictive», explique Natixis. SG CIB anticipe même un reflux de l’inflation de 7,9% cette année à 6% en 2016, ce qui le ferait revenir dans la fourchette cible de la BCB comprise entre 2,5% et 6,5%.

Les mesures budgétaires annoncées par Joaquim Levy n’ont pas permis de calmer les tensions sur le real, qui s’est déprécié de 2,5% contre dollar cette semaine, et de 6,7% depuis son plus haut de fin avril, avec un niveau de volatilité implicite à un mois moyen de 20% depuis début mars, soit 7 points de plus que sa moyenne depuis. «Malgré l’amélioration récente des anticipations d’inflation, le real continue de faire face à des pressions à moyen terme du fait de l’extrême faiblesse des perspectives économiques et de la trajectoire budgétaire incertaine, et un accès de faiblesse constitue le principal risque aux perspectives d’inflation à moyen terme», alerte SG CIB. Malgré cette forte dépréciation du taux de change, le déficit courant peine à se résorber et reste à un niveau de 4,2% du PIB.

La contraction attendue du PIB de 1% cette année n’a pas empêché la BCB de suggérer qu’elle compte poursuivre son cycle de resserrement. Or, «la croissance du crédit ralentit également avec la contraction de l’activité, alors que le taux de chômage progresse et que consommateurs et entreprises pâtissent du boum du crédit par le passé», ajoute RBS.

Le pays souffre d’une fracture entre crédit privé, qui s’est contracté de 3,1% sur un an en avril, et crédit subventionné, indexé sur le taux de long terme à seulement 6%, qui a continué de croître à un rythme de 8,2%. Si le taux d’intérêt moyen du crédit octroyé par les banques publiques, qui représente plus de la moitié du crédit total et 30% du PIB, est resté limité à 8,7%, celui du crédit privé a atteint un niveau de 41,8% en avril.

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