Le marché secondaire de la titrisation dispose de facteurs de soutien

L’appétit de comptes européens riches en trésorerie pour les investissements et les tranches soutient la compression des spreads
Tân Le Quang

Malgré un marché de l’immobilier encore fragile dans de nombreux pays européens et une crise de la dette souveraine non réellement résolue, le marché de la titrisation poursuit son redressement dans un environnement de taux bas. Alors que les émetteurs sont plus nombreux à tester le marché primaire, les produits de financement structurés continuent d’absorber les risques de crédit élevés grâce à leur performance solide. Même si elles ne sont pas revenues sur leur niveau de pré-crise, les marges sur le secondaire se sont nettement resserrées. Sur les tranches AAA de RMBS en Europe, hors Grèce, Irlande et Portugal, elles sont passées de 450 pb à l’automne 2008, à des niveaux autour des 110-145 pb, selon les pays. Printemps 2007, les niveaux étaient inférieurs à 50 pb. Pour les tranches BBB, les spreads évoluent autour des 1.000 pb, contre 4.000 pb fin 2009.

En dépit de l’absence de nouvelles importantes en matière de crédit, le rally sur le secondaire s’est poursuivi depuis fin janvier. «Il n’y a actuellement aucun catalyseur fondamental derrière cette embellie, remarque SG CIB. Beaucoup de comptes européens sont riches en trésorerie et sont clairement à la chasse aux investissements ou acheteurs de tranches. Ils ont conscience du montant potentiellement élevé des montants sur le primaire à émettre cette année, mais se contentent pour l’instant de satisfaire leur appétit au niveau de la dette senior et non subordonnée».

Pour UniCredit, la titrisation a passé son premier véritable test de résistance, révélant certes des faiblesses en matière de liquidité et de transparence, mais prouvant au bout du compte sa robustesse du point de vue fondamental. Notant que «les dépréciations et pertes dans les bilans des banques ne sont désormais plus associées à la titrisation», la banque relève qu’au premier trimestre 2010, les pertes associées aux titrisations ne pesaient que 5% des pertes totales, contre plus de 55% au premier trimestre 2008. Depuis le troisième trimestre 2007, les dépréciations des banques européennes s’élèvent à 674 milliards d’euros, dont 270 milliards de pertes associées aux titrisations.

En l’absence de relèvement de taux des banques centrales et de chocs liés aux nouveaux tests de résistance des banques européennes prévus au premier semestre, la normalisation du marché secondaire de la titrisation pourrait bien perdurer.

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