Le marché du pétrole écarte le risque d’un afflux de brut iranien

En cas de levée totale des sanctions dans six mois, l’Arabie saoudite pourrait abaisser sa propre production pour contrebalancer celle de l’Iran
Alexandre Garabedian
Photo: Bloomberg
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Le compromis de Genève trouvé le 24 novembre sur le nucléaire iranien a eu un effet sans lendemain sur les marchés. Mardi matin, le prix du baril de Brent était revenu à 111 dollars, son niveau de vendredi , après avoir perdu jusqu’à 3 dollars en séance la veille. Il n’aura fallu que quelques heures aux opérateurs pour digérer la portée d’un accord dont les implications semblent limitées à court terme, mais plus structurantes à moyen terme.

L’accord intérimaire signé dimanche entre les cinq membres permanents de l’ONU, l’Allemagne, et l’Iran, vaut pour six mois. La levée des sanctions qui frappent la république islamique depuis début 2012 reste partielle. Durant cette période, Téhéran ne pourra pas accroître ses exportations d’or noir. Le pays exporte environ 1,1 million de barils par jour, pour une production totale de 2,6 millions de barils par jour qui a reculé d’un million depuis 2011. Le marché ne connaîtra donc pas dans les six mois un afflux de brut iranien.

La question sera toute autre si un accord définitif est signé. Outre une levée des limitations aux exportations, l’Iran serait aussi en mesure de libérer une bonne partie de ses 37 millions de barils stockés aujourd’hui dans des tankers. Reste à savoir combien de temps le pays mettra à restaurer à leur niveau de 2011 ses capacités de production, qui ont sans doute souffert d’un sous-investissement. «Entre 3 et 9 mois», estime Michael Wittner, l’analyste de la Société Générale. La Libye avait déjoué les pronostics en retrouvant en 4 mois son niveau de production d’avant la guerre civile.

«L’Arabie saoudite n’hésitera pas, si nécessaire, à abaisser sa production d’un million de barils par jour pour contrebalancer l’Iran», note toutefois Michael Wittner. Depuis 2011, Riyad l’a ajustée à la hausse comme à la baisse, dans une fourchette de 8,75 et 10,2 millions de barils, en fonction des crises libyennes et iraniennes. «Le redressement de la production iranienne conduirait à une hausse des capacités inutilisées, pas de l’offre. Cela serait neutre pour les prix», conclut l’analyste.

Au-delà des questions d’offre et de demande, un accord définitif avec l’Iran ferait aussi reculer le risque géopolitique, une variable clé des prix du pétrole. Pour Miswin Mahesh, chez Barclays, il faudra cependant garder sur les écrans radars «des communiqués critiques d’Israël», ou «une aggravation des tensions religieuses en Irak et en Syrie».

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