Le marché de la titrisation continue de tourner au ralenti en Europe

Le gouverneur de la Banque de France estime que c’est à partir d’aujourd’hui que les effets des achats de la BCE pourraient se faire sentir.
Solenn Poullennec

Le marché européen de la titrisation continue de tourner au ralenti en dépit du programme d’achats de titrisations (ABSPP) de la Banque centrale européenne (BCE) lancé il y a bientôt six mois. Les émissions d’ABS réalisées entre le début de l’année et la fin du mois d’avril équivalaient à 24,4 milliards d’euros, selon la recherche de Barclays. C’est à peine plus que l’année dernière, où les émissions avaient atteint 22,3 milliards sur la même période.

Entre le début de l’ABSPP et la fin du mois d’avril, la BCE a pourtant acheté 5,8 milliards d’euros d’ABS. «Sachant que la Grande-Bretagne continue de dominer les placements sur le marché primaire en 2015, ce sont les segments de marché qui ne sont pas éligibles à l’ABSPP qui continuent de faire fonctionner le marché européen», souligne Christian Aufsatz, de la recherche sur la titrisation de Barclays, pour qui le programme «continue de décevoir les attentes».

Les dernières émissions ont profité de la compression générale des spreads provoquée par les interventions de la BCE et ont été bien accueillies par les investisseurs au point que certaines ont revu leur taille à la hausse. «Cela montre que ce n’est pas la demande qui crée un rétrécissement [du marché] mais le manque d’offre, poursuit Christian Aufsatz, surtout dû à l’existence de possibilités de financement moins chères pour les banques».

Il est encore trop tôt pour juger des effets de l’ABSPP sur le marché, d’après le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer. «C’est à partir de maintenant que l’on va vraiment voir si nous avons aidé au redémarrage de cette titrisation», a-t-il expliqué hier à Paris. «Entre le moment où (..) les banques peuvent commencer à se poser la question de structurer des ABS et le moment où ces ABS nouveaux arrivent sur le marché, il peut s’écouler six mois facilement», a détaillé le gouverneur évoquant aussi le frein que représente la réglementation actuelle, trop punitive.

Si le problème bien identifié de la régulation était résolu, le marché européen de la titrisation se porterait beaucoup mieux, veulent croire les analystes de Bank of America Merrill Lynch. Il «continue à offrir un sucroît de rendement par rapport aux titres des Etats et des banques des pays du cœur de l’Europe et par rapport aux titres d’entreprises moins bien notés dans les pays du cœur et de la périphérie» de l’Europe. Et d’ajouter que les rendements de l’écrasante majorité des ABS devraient rester positifs.

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