
Le label ISR devrait bientôt exclure le charbon et d’autres énergies fossiles

Les règles du label de l’investissement socialement responsable (ISR) vont être réécrites en profondeur durant le second semestre 2022. Le comité du label, présidé par Michèle Pappalardo, a lancé une consultation publique qui va durer jusqu’au 9 septembre sur les propositions d’orientation publiées vendredi 29 juillet sur le site du label ISR. Le document évoque la poursuite de la transformation du label « si l’on veut qu’il continue de jouer un rôle pédagogique dans un contexte qui a globalement progressé, d’autant que les réglementations évoluent elles aussi, à commencer par les réglementations européennes en matière de finance durable dans le cadre du Green Deal ».
«Le développement du label a aussi fait apparaître certaines faiblesses du référentiel que d’aucuns ont utilisé pour flirter avec l’écoblanchimenttandis que d’autres, au contraire, adoptaient des démarches rigoureuses et ambitieuses», pointe le document.
La réorientation du label vise à réaffirmer sa nature : il n’est «ni un label vert ni un label climat». Elle doit aussi permettre la prise en compte de la double matérialité et de sa mesure, l’assurance d’une démarche ESG équilibrée par des notes ou des niveaux planchers. L’intégration du climat est également abordée dans le texte. « Dans un souci de lisibilité pour les épargnants, un certain nombre d’exclusions paraissent également aujourd’hui incontournables en matière d’énergie (charbon, énergies fossiles non conventionnelles) ».
Enfin, le document évoque l’adaptation du référentiel aux différents types de produits financiers et appelle à des variantes, notamment pour les fonds de capital investissement «pour lesquels l’approche ‘best in class’ n’est pas adaptée ». La relecture du référentiel actuel du label ISR est également abordée, certains passages étant jugés peu clairs voire ambigus.
Un système graduel
« La possibilité d’un système de gradation, permettant de proposer, au-delà de ce socle à l’exigence renforcée, des niveaux d’exigences supplémentaires du label ISR, est également envisagée. Elle aurait un effet probablement stimulant pour les gestionnaires de fonds mais au risque peut-être de nuire à la lisibilité de l’ensemble », indique également le document.
Michèle Pappalardo avait annoncé vendredi aux Echos que le comité du label ISR envisageait « de proposer d’exclure le charbon et les énergies non conventionnelles, à savoir le gaz et le pétrole de schiste, du label ISR ». Entièrement renouvelée l’année dernière, l’instance a pour mission de réformer cette certification qui rassemble 1.000 fonds de 170 sociétés de gestion, avec un encours total de 650 milliards d’euros. Les défenseurs d’un label ISR plus exigeant ont donc eu gain de cause. Lors du Forum ESG & Impact investing de L’Agefi, jeudi 30 juin, Michèle Pappalardo indiquait qu’elle n'était pas en faveur de l’exclusion.
L’exclusion de certaines énergies fossiles « n’aura pas un impact majeur sur le stock de fonds déjà labellisés » et pourrait être assortie de « planchers progressifs », par exemple un pourcentage maximum du chiffre d’affaires. Elle ne touchera pas TotalEnergies, dont 19% des fonds actions sont actionnaires, selon une étude de la fintech Epsor.
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Chine : le porte-avions Fujian franchit le détroit de Taïwan, une zone ultra-sensible
Pékin - La Chine a annoncé vendredi que le dernier né de ses porte-avions, le Fujian, avait transité par le détroit de Taïwan pour aller mener des tests en vue d’une future mise en service, qui renforcera considérablement ses capacités dans une zone ultra-sensible. Le Fujian «a transité récemment par le détroit de Taïwan en direction des eaux de la mer de Chine méridionale pour (aller) procéder à des tests de recherche scientifique et des missions d’entraînement», a déclaré un porte-parole de la marine chinoise, le capitaine Leng Guowei, dans un communiqué publié sur le réseau social WeChat. C’est «une part normale du processus de construction d’un porte-avions et ne vise aucune cible spécifique», a-t-il assuré. Pour Collin Koh, spécialiste des questions navales à la S. Rajaratnam School of International Studies (RSIS) à Singapour, il n’y a rien d'étonnant à ce que le Fujian franchisse le détroit, comme l’ont fait avant lui les autres porte-avions chinois. Cela «semble relever de la symbolique visant à montrer l’ascension de la Chine en tant que puissance militaire forte et, de surcroît, grande puissance maritime», dit-il. Les autorités taïwanaises ont indiqué avoir surveillé les mouvements du bateau «pour apprécier pleinement la situation», et avoir «réagi en conséquence». Tous les mouvements à caractère militaire dans le détroit de Taïwan sont sensibles. La Chine considère Taïwan comme une de ses provinces. Elle soumet l'île, sous gouvernement démocratique, à une pression militaire, économique et diplomatique forte et refuse d’exclure le recours à la force pour en prendre le contrôle. La question taïwanaise est une des sources majeures de tension dans la région, théâtre de multiples querelles territoriales et d’une lutte d’influence entre grandes puissances. La marine japonaise a répéré jeudi le Fujian accompagné de deux destroyers et progressant en direction du sud-ouest à environ 200 km au nord-ouest des îles Senkaku, a indiqué le ministère japonais de la Défense dans un communiqué. Au nord-est de Taïwan, les îles Senkaku, Diaoyu pour la Chine, sont administrées par Tokyo mais revendiquées par Pékin. Les garde-côtes chinois ont rapporté avoir patrouillé vendredi dans les eaux de l’archipel, inhabité. Calendrier toujours inconnu La Chine dispose de deux porte-avions en service actif: le Liaoning, acheté à l’Ukraine en 2000, et le Shandong, premier porte-avions à avoir été construit en Chine, mis en service en 2019. Le Shandong a participé en avril à des manoeuvres militaires dans le détroit de Taïwan avec simulation de «blocus», selon le Commandement du Théâtre oriental de l’armée chinoise. Le Fujian, qui tient son nom de la province chinoise située en face de Taïwan, est le plus grand navire jamais construit par la Chine. Il participe au renforcement des capacités chinoises de dissuasion et de projection en Asie-Pacifique, et plus globalement à la montée en puissance de l’armée chinoise dans un contexte de rivalité avec le système d’alliances régionales des Etats-Unis. La Chine assure que ses intentions sont pacifiques. Le Fujian a effectué ses premiers essais en mer en 2024. Il devrait être doté de systèmes de décollage plus avancés, permettant de déployer des avions transportant des charges utiles plus importantes et davantage de carburant, selon les analystes du groupe de réflexion CSIS à Washington. La Chine garde le secret sur la mise en service du Fujian. Les experts spéculent sur une date qui coïnciderait symboliquement avec un évènement historique pour le pays. Song Zhongping, un commentateur militaire chinois, pense que les principaux tests sont achevés et que «l’heure de la mise en service officielle approche». Il en veut pour preuve qu’après avoir été testé en mer de Chine orientale et en mer Jaune, le bâtiment l’est à présent en mer de Chine méridionale, où «l’environnement est plus hostile et les conditions d’essai, par conséquent, plus exigeantes». Un autre expert, Alex Luck, spécialiste du matériel naval, tempère cependant. Il peut s’agir aussi bien d’un essai que d’une préparation à la mise en service, dit-il. «Les deux options sont possibles, en fonction des étapes suivantes. Mais il est trop tôt pour se prononcer. On doit se contenter de ce qu’on voit pour l’instant», insiste-t-il. © Agence France-Presse