Le gouvernement russe s’assure le contrôle de la politique monétaire

Vladimir Poutine a nommé sa conseillère économique Elvira Nabiullina à la tête de la banque centrale avec pour mandat de soutenir l'économie
Patrick Aussannaire

Las d’attendre le bon vouloir de l’autorité monétaire, le président russe Vladimir Poutine a nommé un membre de son cercle d’influence pour remplacer à la tête de la banque centrale du pays Sergey Ignatiev, dont le mandat arrive à son terme le 23 juin prochain. C’est Elvira Nabiullina, actuelle conseillère économique du président russe et ministre des finances entre 2007 et 2012, qui a ainsi été choisie, alors que la réunion mensuelle du comité de politique monétaire de l’institution réserve peu de suspense, les 28 économistes interrogés par Bloomberg tablant tous sur un nouveau statu quo.

La candidature d’Alexei Ulyukayev, actuel vice-gouverneur de la banque centrale russe avec un biais fortement «faucon», avait la faveur des investisseurs qui craignent qu’Elvira Nabiullina ne sache résister à la pression du Kremlin pour assurer une politique monétaire indépendante. Vladimir Poutine prône depuis des mois une baisse des taux destinée à relancer une économie en phase de ralentissement.

«Les inquiétudes concernant le ralentissement de la croissance sont assez compréhensibles compte tenu de son ampleur» estime Yaroslav Lissovolik, chef économiste chez Deutsche Bank. La Russie a vu sa croissance ralentir à 3,4% en 2012, son plus faible niveau depuis 2009. Et la Banque mondiale a ramené ses prévisions de croissance pour cette année à 3,3%, contre 3,6% précédemment.

Pourtant, la Russie doit également faire face à une hausse des prix qui limite les marges de manœuvre de la banque centrale. L’indice des prix à la consommation a accéléré à un rythme annuel de 7,3% au mois de février. Un niveau bien supérieur à la fourchette cible de la banque centrale de 5% à 6%.

«L’inflation sous-jacente montre que les pressions inflationnistes restent faibles. Le ralentissement de l’inflation attendu en avril ou mai devrait permettre à la banque centrale de commencer à baisser ses taux» estime néanmoins Vladimir Osakovskiy, chef économiste chez Bank of America. Le consensus Bloomberg attend un ralentissement de l’inflation à 6,5% d’ici à la fin de l’année. Dans ce contexte, les marchés anticipent une baisse des taux directeurs de 25 pb au troisième trimestre. «La nomination d’Elvira Nabiullina soutient la perspective de baisse des taux de la banque centrale cette année (75 pb selon nos projections)» ajoute Olga Veselova, chez BoA Merrill.

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