Le G20 place sept pays sous observation

Les économies chinoise et française notamment seront surveillées par de nouveaux indicateurs
Didier Géneau, à Washington
Le ministre de l'Economie Christine Lagarde le 14 avril à Washington (photo Bloomberg)
Le ministre de l'Economie Christine Lagarde le 14 avril à Washington (photo Bloomberg)  - 

La Chine a finalement cédé. A l’occasion de la réunion du G20 qui s’est terminée ce week-end à Washington, l’Empire du Milieu a en effet accepté le principe d’une surveillance particulière des pays dont les déséquilibres économiques pourraient présenter un risque systémique pour l’ensemble de la planète. Outre la Chine, figurent également dans ce groupe les États-Unis, la France, l’Allemagne, le Japon, le Royaume-Uni et l’Inde. La satisfaction est grande du coté du gouvernement français, à l’origine de ce projet.

En novembre dernier, Nicolas Sarkozy avait affiché de grandes ambitions pour la présidence française du G20 en lançant les chantiers de la réforme du système monétaire international, une régulation des marchés des matières premières et une réforme de la gouvernance mondiale. L’accord signé à Washington par les puissances du G20 se résume essentiellement à l’adoption d’une méthodologie de détection de dérives de politiques économiques nationales. Ces nouveaux outils de surveillance ne constituent «qu’une première marche» a expliqué Christine Lagarde. Sur les autres sujets, en particulier sur la régulation des marchés dérivés des matières premières ou la surveillance des flux financiers mondiaux, la ministre française a affirmé que les travaux avançaient et que des mesures seraient probablement prises lors du prochain G20.

Concrètement, cette méthodologie s’appuie sur trois indicateurs permettant de suivre l’évolution de chaque pays en matière de dette et de déficits publics, d’épargne privée et d’emprunts, de balances commerciales et d’autres composantes de la balance des paiements. De multiples paramétrages permettront de juger des déséquilibres de chaque économie en fonction de son propre modèle de développement et en se basant sur une période de référence s’étendant de 1990 et 2004. Objectif évident de cette alchimie : disposer de données «objectives» pour mettre en exergue certains risques systémiques comme la dette américaine ou la balance commerciale chinoise.

Déjà présentée en février par les équipes de Bercy lors de la dernière réunion du G20, cette proposition de cadre de surveillance était déjà connue. En revanche, son adoption apparaissait quasi-impossible par l’attitude hostile de la Chine. En début de semaine, le vice-ministre chinois des finances Li Yong avait encore déclaré queces indicateurs étaient «un nouvel outil politique des États-Unis et des pays développés destiné à brider la croissance économique chinoise».

Les raisons de ce retournement ? «La Chine savait qu’elle ne pourrait pas jouer le mauvais élève indéfiniment» a expliqué en coulisse un négociateur. De fait, tout semble avoir étéfait pour ménager la successibilité chinoise. En n’intégrant pas par exemple les monnaies et les réserves dans les indicateurs.

De leur coté, les États-Unis ont fait preuve d’une rare humilité pendant toute la semaine en reconnaissant avec grâce les critiques du FMI sur leur endettement record. «C'était une réunion du G20 très apaisée, très constructive», a expliqué le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer. Christine Lagarde a même refusé de nommer les sept pays placés ainsi sous surveillance en se contentant d’indiquer qu’il s’agissait des pays dont le PIB était supérieur à 5% du PIB de l’ensemble du PIB du G20.

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