
Le discours de la BCE ne colle plus à la réalité de la zone euro
Le moins que l’on puisse dire est que 2019 ne se présente pas sous les meilleurs auspices en zone euro : ses principales économies essuient de forts vents contraires, si bien que la BCE risque de se voir prise à contrepied et contrainte plus longtemps que prévu à l’inaction.
L’Allemagne continue à accumuler les signes de faiblesse : l’ampleur de la chute de la production industrielle en novembre a pris tout le monde de court, à 1,9% par rapport au mois précédent selon les chiffres officiels.
Sur une perspective plus longue, le tableau est préoccupant : au cours des 11 premiers mois de l’année 2018, la production allemande n’a connu que trois mois d’expansion pour huit de contraction.
Le résultat est que la production en novembre était de près de 5% inférieure à celle de novembre 2017.
La peinture de la situation globale en zone euro en est assombrie.
Consensus Economics, qui compile les prévisions des économistes, table désormais sur 1,5% de croissance en Allemagne en 2019, contre près de 2% en 2018, et sur guère plus de 0,7% en Italie, soit une division par deux par rapport à cette année.
Sachant que la France n’a pas fini de payer la facture des gilets jaunes, qui se verra dans les chiffres d’activité de novembre et décembre, les trois grandes économies de la zone euro déçoivent en ce début d’année.
Voilà de quoi rafraîchir l’optimisme des économistes de la BCE, qui écrivaient encore fin décembre que « le récent ralentissement de la croissance n’a pas, jusqu’à présent, remis en cause les fondamentaux de l’expansion économique actuelle ».
Le jugement des marchés est plus réservé, et franchement sceptique quant à la capacité de la BCE de resserrer au rythme envisagé ses conditions financières.
Ce ne sont pas les derniers chiffres de l’inflation, publiés hier, qui les feront changer d’avis : en variation annuelle, elle n’a pas dépassé 1,6% en décembre après 1,9% en novembre, très en dessous du consensus et du taux cible de la BCE.
Abstraction faite de l’énergie, l’inflation restera obstinément basse, à 1,1%.
Dans ces conditions, un changement de discours de la BCE visant à écarter la spéculation sur tout relèvement de taux en 2019 n’aurait rien pour surprendre.
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