Le développement technologique en gestion d’actifs ne doit pas se faire à n’importe quel prix

La baisse des coûts est l’un des facteurs déterminants pour investir dans les nouvelles technologies, ont souligné les participants à une table ronde de l’AM Tech Day de L’Agefi.
Réjane Reibaud
L'édition 2020 de l’AM Tech Day a été organisée par L'Agefi le 13 octobre au palais Brongniart à Paris.
L'édition 2020 de l’AM Tech Day a été organisée par L'Agefi le 13 octobre au palais Brongniart à Paris.  -  FR.

Pour améliorer leurs résultats dans un univers contraint, les asset managers n’ont d’autre solution que de miser sur la technologie. «Il est clair que nos clients achètent autant la performance de nos investissements financiers que le contrôle de leurs transactions, la qualité de l’exécution, la qualité du service, de la donnée, la qualité du reporting ou de l’interaction avec leur asset manager. Les derniers mois ont accéléré cette tendance», a reconnu Godefroy de Colombe, global chief operating officer d’Axa IM qui intervenait de 13 octobre à l’AM Tech Day organisé par L’Agefi.

Cohérence entre la communication et les pratiques internes

Emmanuelle Mourey, directrice générale de La Banque Postale AM a de son côté prédit pour le futur «une polarisation entre les asset managers cohérents et les autres». Elle a ainsi expliqué que la cohérence correspondait à la réconciliation entre le discours de la marque, ce que l’asset manager promet - les attentes des clients et les pratiques internes. «Et quand on est engagé sur l’ISR à 100% comme La Banque Postale AM, on a un devoir d’exemplarité et dans ce cadre là les nouvelles technologies peuvent être à la fois notre pire ennemi et notre meilleur allié. Pire ennemi dans le sens où on se rend compte que les fintech avec lesquelles les acteurs traditionnels pourraient travailler sont assez peu intéressées par un positionnement ESG ou ISR alors que le monde de la finance est entièrement tourné vers le monde de l’ESG. Il y a une réconciliation à opérer dans ces domaines», a-t-elle expliqué.

Pour tous les invités présents, continuer d’investir dans les nouvelles technologies reste indispensable, mais pas à n’importe quel prix. Valérie Baudson, directrice générale de CPR AM, a ainsi rappelé que le secteur était contraint sur le plan des marges. «On a des volumes qui augmentent plus que la baisse des charges. Le défi c’est de continuer à améliorer notre cost income ratio avec des revenus qui ont tendance à baisser. Le sujet des charges est très simple dans notre secteur : elles sont représentées par des hommes et de l’IT», explique-t-elle. La tech est utile si elle sert à deux choses : rendre les équipes plus productives et efficaces, et générer des revenus à moindre frais. «J’ai une conviction forte, sur le sujet des coûts : rentrer sur une grosse plateforme partagée avec d’autres acteurs est un avantage puisque par définition on mutualise les investissements et les développements. C’est la raison pour laquelle CPR Asset management a basculé sur Alto (un service de management de portefeuille d’Amundi, la maison-mère de CPR AM, ndlr) et de plus en plus de clients externes aussi», a-t-elle indiqué.

Protection des données

Emmanuelle Mourey a jugé de son côté qu’il fallait faire attention à ce que la tech n’amène pas les asset managers à agir de façon contraire à la cause qu’ils peuvent défendre. Reprenant le cas de La Banque Postale AM qui travaille sur une gestion 100% ISR pour ses fonds ouverts, elle a ainsi rappelé que l’ISR était très gourmand en données, en consommation énergétique, en mémoire et en stockage. «C’est paradoxal finalement par rapport à un acteur ISR pur », note-t-elle. Elle a aussi estimé qu'à force d’acquérir des données sous toutes les formes, les asset managers prennent le risque d’acquérir des données personnelles qui vont contrevenir au data privacy. «Il faut faire attention à ce qu’on récupère car la fin ne justifie pas tous les moyens ».

Exposant le cas des sociétés d’asset servicing, Arnaud Claudon, head of asset owners and asset managers clients line de BNP Paribas Securities Services, a soutenu que son secteur avait des marges encore plus sous pression. «On ne peut pas investir partout, il faut choisir nos batailles. Mais pour ne pas se retirer de la chaine de valeur qui intéresse nos clients, il faut qu’on collabore plus». Le choix des outils de management de portefeuille (PMS) des clients revêt ainsi beaucoup d’importance dans la mesure où ils représentent des écosystèmes différents. «Pour nous cela signifie qu’il faut s’intégrer dans l’écosystème choisi par le clients», explique-t-il. Il s’agit alors pour la société de revoir ses interfaces de capture des données entrantes et sortantes pour les enrichir et être adaptées aux outils front des clients, intégrer le work flow opérationnel pour que toutes les équipes voient la même chose. «Cela correspond au contenu des partenariats que l’on a conclus avec BlackRock Solutions», a-t-il expliqué tout en ajoutant qu’il travaillait aussi sur des solutions équivalentes avec d’autres éditeurs comme Bloomberg, Simcorp et «j’espère un jour Alto», a-t-il conclu.

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