
Le Canada maintient sa politique accommodante face à l’appréciation de sa devise
En décidant de maintenir hier ses taux directeurs inchangés à 1% pour le dixième mois consécutif, la banque centrale du Canada (BoC) fait le choix de la croissance face au risque inflationniste. Avec un taux de chômage en baisse à 7,6% en avril (contre 9% aux Etats-Unis), une croissance au premier trimestre qui a atteint 3,9% selon les données publiées lundi (contre 1,8% aux Etats-Unis), un ratio d’endettement modéré à 50% du PIB (contre près de 100% aux Etats-Unis) et une inflation qui s’accélère à 3,3% en avril, les spéculations sur un resserrement de la politique monétaire de la BoC à sa réunion d’hier avaient pourtant poussé le dollar canadien à ses plus hauts niveaux depuis trois ans lundi à 94,46 cents pour un dollar américain.
L’accélération du rythme de hausse des prix à 3,3% en avril, contre une estimation annuelle de 2,4% de la BoC et une fourchette cible de 1% à 3%, a même incité l’OCDE à recommander au Canada de suivre l’exemple des pays émergents et de reprendre la normalisation de sa politique monétaire, neuf mois après son dernier geste, afin de ne pas risquer d’entrer dans une spirale inflationniste. Et le Crédit Agricole d’estimer que la BoC disposait là «d’une fenêtre de tir, même étroite», afin «de ne pas rater les rares opportunités qui se présentent pour normaliser les conditions monétaires».
Cependant, dès mardi le dollar canadien cédait à 0,9715 cent face au très large consensus des économistes prévoyant le maintien des taux directeurs à 1%. Un resserrement prématuré de sa politique monétaire entraînerait la poursuite de l’appréciation du dollar canadien face au dollar notamment, la Fed ne devant pas augmenter son taux directeur avant 2012. Un effet pénalisant pour une économie qui garde des liens commerciaux étroits avec les États-Unis et qui est tirée par les exportations de matières premières. Le consensus anticipe une hausse des taux directeurs de 25 points de base à 1,25% d’ici fin septembre et de 75 bp d’ici fin décembre. La vigueur de la devise est en outre très explicitement évoquée comme un risque pour l’économie, dont le rythme de croissance va ralentir sur le trimestre en cours.
Selon les données de la CFTC américaine, les positions à la hausse sur le dollar canadien dépassaient les positions baissières d’une très courte marge. Les stratégistes de BoA Merrill Lynch prévoient un affaiblissement de 10% de la devise contre dollar d’ici à 2012.
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Paris - Le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand a appelé vendredi Emmanuel Macron à s’exprimer «devant la nation» pour «expliquer comment il voit les choses pour les 19 mois qui restent», avant l'échéance présidentielle en 2027. «Il ne peut pas se laver les mains de cette situation dont il est le responsable (...) Il doit nous expliquer comment il voit les choses pour les 19 mois», a estimé Xavier Bertrand sur RTL, rappelant qu’"un Premier ministre n’est pas un consommable, quand même». Le chef de l'État doit expliquer «comment il va réparer la situation», a-t-il ajouté, l’enjoignant à dire qu’il est «prêt à ce qu’on change fondamentalement de politique». S’il souhaite que le président de la République aille jusqu’au bout de son mandat, «parce que je n’ai pas envie de connaître le chaos», Xavier Bertrand, qui nourrit des ambitions élyséennes et dont le nom a plusieurs fois circulé pour Matignon, a insisté: «je veux que la politique change». «Vous ne pouvez pas continuer à avoir autant de problèmes de pouvoir d’achat (...) Il y a des Français qui aujourd’hui, même des Français qui bossent, n’arrivent pas à faire les repas dont on a absolument besoin», a-t-il souligné. Il a proposé une baisse de l’impôt sur le revenu pour les «catégories populaires, sur les classes moyennes». Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, un très proche d’Emmanuel Macron, a reçu jeudi les dirigeants du «socle commun» ainsi que les présidents des deux chambres, la macroniste Yaël Braun-Pivet et le LR Gérard Larcher. Il doit échanger avec les partenaires sociaux (syndicats et patronat), vendredi - notamment avec la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon - et lundi. La gauche et le RN devraient être conviés dans un second temps. © Agence France-Presse -
Chine : le porte-avions Fujian franchit le détroit de Taïwan, une zone ultra-sensible
Pékin - La Chine a annoncé vendredi que le dernier né de ses porte-avions, le Fujian, avait transité par le détroit de Taïwan pour aller mener des tests en vue d’une future mise en service, qui renforcera considérablement ses capacités dans une zone ultra-sensible. Le Fujian «a transité récemment par le détroit de Taïwan en direction des eaux de la mer de Chine méridionale pour (aller) procéder à des tests de recherche scientifique et des missions d’entraînement», a déclaré un porte-parole de la marine chinoise, le capitaine Leng Guowei, dans un communiqué publié sur le réseau social WeChat. C’est «une part normale du processus de construction d’un porte-avions et ne vise aucune cible spécifique», a-t-il assuré. Pour Collin Koh, spécialiste des questions navales à la S. Rajaratnam School of International Studies (RSIS) à Singapour, il n’y a rien d'étonnant à ce que le Fujian franchisse le détroit, comme l’ont fait avant lui les autres porte-avions chinois. Cela «semble relever de la symbolique visant à montrer l’ascension de la Chine en tant que puissance militaire forte et, de surcroît, grande puissance maritime», dit-il. Les autorités taïwanaises ont indiqué avoir surveillé les mouvements du bateau «pour apprécier pleinement la situation», et avoir «réagi en conséquence». Tous les mouvements à caractère militaire dans le détroit de Taïwan sont sensibles. La Chine considère Taïwan comme une de ses provinces. Elle soumet l'île, sous gouvernement démocratique, à une pression militaire, économique et diplomatique forte et refuse d’exclure le recours à la force pour en prendre le contrôle. La question taïwanaise est une des sources majeures de tension dans la région, théâtre de multiples querelles territoriales et d’une lutte d’influence entre grandes puissances. La marine japonaise a répéré jeudi le Fujian accompagné de deux destroyers et progressant en direction du sud-ouest à environ 200 km au nord-ouest des îles Senkaku, a indiqué le ministère japonais de la Défense dans un communiqué. Au nord-est de Taïwan, les îles Senkaku, Diaoyu pour la Chine, sont administrées par Tokyo mais revendiquées par Pékin. Les garde-côtes chinois ont rapporté avoir patrouillé vendredi dans les eaux de l’archipel, inhabité. Calendrier toujours inconnu La Chine dispose de deux porte-avions en service actif: le Liaoning, acheté à l’Ukraine en 2000, et le Shandong, premier porte-avions à avoir été construit en Chine, mis en service en 2019. Le Shandong a participé en avril à des manoeuvres militaires dans le détroit de Taïwan avec simulation de «blocus», selon le Commandement du Théâtre oriental de l’armée chinoise. Le Fujian, qui tient son nom de la province chinoise située en face de Taïwan, est le plus grand navire jamais construit par la Chine. Il participe au renforcement des capacités chinoises de dissuasion et de projection en Asie-Pacifique, et plus globalement à la montée en puissance de l’armée chinoise dans un contexte de rivalité avec le système d’alliances régionales des Etats-Unis. La Chine assure que ses intentions sont pacifiques. Le Fujian a effectué ses premiers essais en mer en 2024. Il devrait être doté de systèmes de décollage plus avancés, permettant de déployer des avions transportant des charges utiles plus importantes et davantage de carburant, selon les analystes du groupe de réflexion CSIS à Washington. La Chine garde le secret sur la mise en service du Fujian. Les experts spéculent sur une date qui coïnciderait symboliquement avec un évènement historique pour le pays. Song Zhongping, un commentateur militaire chinois, pense que les principaux tests sont achevés et que «l’heure de la mise en service officielle approche». Il en veut pour preuve qu’après avoir été testé en mer de Chine orientale et en mer Jaune, le bâtiment l’est à présent en mer de Chine méridionale, où «l’environnement est plus hostile et les conditions d’essai, par conséquent, plus exigeantes». Un autre expert, Alex Luck, spécialiste du matériel naval, tempère cependant. Il peut s’agir aussi bien d’un essai que d’une préparation à la mise en service, dit-il. «Les deux options sont possibles, en fonction des étapes suivantes. Mais il est trop tôt pour se prononcer. On doit se contenter de ce qu’on voit pour l’instant», insiste-t-il. © Agence France-Presse -
Accord commercial UE-États-Unis : inquiétude sur l'afflux de pick-up en Europe
Bourg-Léopold - Verra-t-on bientôt des hordes de pick-up, ces véhicules surdimensionnés très populaires aux Etats-Unis, sillonner les routes du Vieux continent? L’accord commercial conclu entre l’UE et les Etats-Unis fait craindre aux défenseurs de l’environnement que leur importation, jusqu’ici limitée, soit fortement assouplie. Les aficionados les apprécient pour leur cabine surélevée et aux proportions très généreuses, leur motorisation puissante et leur plateforme ouverte. Mais pour leurs détracteurs, ce sont des «monstres» des routes, aux émissions de gaz à effet de serre débridées, conséquence de leur forte consommation de carburant. Actuellement, ces pick-up américains comme le Dodge RAM (une des marques de Stellantis) ou le Ford F-150 ne peuvent être importés qu’au compte-goutte dans l’Union européenne, faute de respecter les normes européennes de sécurité, plus sévères qu’outre-Atlantique. Mais dans leur accord commercial signé cet été, l’Europe et les Etats-Unis se sont engagés à reconnaître mutuellement leurs normes respectives en matière d’automobile, même si la Commission relativise la portée de cette disposition. «Si c'était appliqué, deux décennies de progrès en matière de sécurité, de pollution de l’air et d'émissions de CO2 seraient annihilés du jour au lendemain», s’inquiète James Nix, de l’ONG Transport & Environnement (T&E). L’association fait valoir que les RAM émettent en moyenne 347 grammes de CO2 par kilomètre, plus du triple de la moyenne des véhicules achetés l’an dernier en Europe (106 g/km). L’appétit des automobilistes pour ces géants des routes est déjà en forte hausse. Environ 7.000 pick-up ont été vendus l’an dernier dans l’UE, contre quelques centaines six ans plus tôt, d’après T&E. Une demande sur laquelle US Trucks, un concessionnaire spécialisé établi à Bourg-Léopold, petite ville dans le nord-est de la Belgique, a misé avec succès. Dans son parking, plusieurs modèles tout aussi rutilants qu’imposants attendent de futurs clients. «C’est tout simplement la combinaison entre un véhicule utilitaire et une voiture familiale confortable», fait valoir Dogan Yilmaz, propriétaire du magasin. Souvent importés via l’Allemagne, ces véhicules «puissants» font surtout le bonheur de professionnels et de petites entreprises actives dans le BTP ou l’agriculture, dit-il. US Trucks, l’un des trois seuls distributeurs en Belgique, en vend ainsi jusqu'à une trentaine par an. Outre les défenseurs du climat, les associations de lutte contre la violence routière s’insurgent contre la perspective de voir les pick-up se multiplier sur les routes. Mortalité routière Des modèles «plus lourds, plus dangereux pour les autres automobilistes, les piétons et cyclistes, et qui sont totalement à contre-courant de la stratégie européenne en faveur des mobilités douces et de transports plus durables» résume Antonio Avenoso, qui dirige le Conseil européen de la sécurité routière (ETSC), une organisation non lucrative installée à Bruxelles. Et de relever que de nombreux pick-up ne sont pas équipés de dispositifs de sécurité obligatoires en Europe, tels que les systèmes de freinage d’urgence ou d’aide au maintien dans la voie, ou l’interdiction des carrosseries aux angles trop acérés, qui réduit les blessures des piétons et cyclistes en cas de collision. Pour les opposants aux pick-up, faciliter leur importation pourrait faire remonter la mortalité routière en Europe, alors qu’elle est environ trois fois plus faible qu’aux Etats-Unis. Un RAM a un capot tellement haut que le conducteur, en moyenne, ne peut pas voir un enfant de moins de dix ans placé juste devant, a calculé T&E. L’accord UE/Etats-Unis ne précise pas quelles normes respectives pourraient être reconnues mutuellement, et quand. Interrogé par l’AFP, Olof Gill, un porte-parole de la Commission européenne, a cependant écarté tout relâchement des règles de sécurité au sein de l’UE. «Il y a des domaines dans lesquels nous allons regarder ce qui peut donner lieu à une coopération, mais nous n’allons certainement pas réduire nos propres normes», a-t-il assuré. De son côté, une porte-parole de l’Association des constructeurs d’automobiles européens (ACEA), le puissant lobby du secteur, a dit ne pas s’attendre à ce que «les normes essentielles soient affectées, comme les obligations en matière environnementale ou de sécurité», mais table «plus probablement sur une coopération autour des futures normes». Umberto BACCHI © Agence France-Presse