
Le Brexit gèle les fonds immobiliers britanniques

Les premiers signes de panique liés au Brexit se font sentir sur les marchés financiers. Standard Life lundi, puis Aviva et M&G hier, ont suspendu les rachats sur leurs fonds immobiliers ouverts. Ces derniers, investis sur le marché résidentiel et surtout commercial, pèsent respectivement 1,8 milliard, 2,9 milliards et 4,4 milliards de livres, soit plus du quart d’un secteur de 35 milliards de livres. Les investisseurs particuliers, inquiets des conséquences de la sortie de l’Union européenne sur les prix de l’immobilier, se sont pressés pour retirer leurs avoirs le plus rapidement possible, tant que l’absence de transactions empêche la mise à jour des valorisations.
Problème de l’illiquidité des actifs sous-jacents de fonds ouverts
Les mesures prises auparavant par les gérants n’auront donc pas suffi, qu’il s’agisse du passage à un cours acheteur ou de l’ajustement à la juste valeur, la plupart des fonds ayant réduit en amont leur valorisation d’environ 5%.
Les suspensions de rachats illustrent le problème de concordance de liquidité pour les fonds ouverts immobiliers. Les investisseurs individuels peuvent retirer leurs fonds sans limite et sans délai alors que les actifs sous-jacents ne sont pas liquides. Pour faire face à des rachats importants, les gestionnaires de fonds avaient avant le vote du 23 juin accru la part de cash dans leurs portefeuilles. Henderson GI disposait ainsi de plus de 20% de cash dans ses fonds immobiliers avant le référendum. Le coussin de liquidité du fonds suspendu par Standard Life s’élevait quant à lui à 13% à la fin mai, ce qui s’est révélé insuffisant. M&G, le principal investisseur dans l’immobilier britannique, pour le compte de Prudential et de ses clients, avec près de 30 milliards d’euros d’actifs sous gestion, ne disposait en moyenne que de 7,7% en cash dans ses fonds. Les demandes de retrait effectuées après 13 heures lundi ne seront pas exécutées, ont précisé M&G et Aveva. Tout comme Standard Life, M&G évaluera la situation au moins tous les 28 jours.
«La suspension a été requise pour protéger les intérêts de l’ensemble des investisseurs du fonds et pour éviter de compromettre le retour sur investissement du portefeuille», écrit Standard Life pour expliquer son geste. En l’absence de liquidité suffisante, les fonds ouverts risquaient de se retrouver forcés de vendre leurs actifs, ce qui pourrait aggraver la baisse des prix dans l’immobilier.
Un risque de stabilité systémique
Lors de la crise financière de 2007-2008, ces mêmes mécanismes avaient entraîné une baisse de 40% des prix au Royaume-Uni et obligé de nombreux fonds au Royaume-Uni et en Allemagne à liquider leurs positions. «La suspension temporaire des rachats nous permet de gérer la situation de manière plus juste et contrôlée. En prenant un peu plus de temps, nous espérons vendre les immeubles à des prix plus compétitifs afin d’agir dans l’intérêt de tous les investisseurs», explique ainsi Aveva.
Les risques d’un resserrement des conditions de crédit du fait de ventes forcées de la part des fonds immobiliers et d’une baisse consécutive de la valeur des actifs immobiliers utilisés comme collatéral figuraient en bonne place dans le rapport de stabilité financière présenté hier. Le nouveau dirigeant de l’autorité des marchés financiers britannique (FCA), Andrew Bailey, a précisé lors de sa présentation que l’institution surveillait de près l’évolution de la situation et qu’elle évaluerait la structure de ces fonds. «Nous devrons y revenir et regarder cela à la fois comme un problème de conduite et de stabilité systémique», a-t-il déclaré. Il devait rencontrer hier après-midi des dirigeants de l’industrie de la gestion d’actifs.
Le sujet dépasse le cadre britannique. La France réfléchit à autoriser, via la loi Sapin 2, le plafonnement des rachats pour «limiter les phénomènes de prime au premier sortant», explique le HCSF.
{"title":"Les cours des gestionnaires d\u2019actifs d\u00e9vissent»,"body":{"value":"Apr\u00e8s l\u2019annonce de la suspension des rachats par Standard Life lundi, les titres des gestionnaires d\u2019actifs ont chut\u00e9 \u00e0 la Bourse de Londres hier. Henderson s\u2019en sort relativement bien, ne c\u00e9dant que 2,87%, alors que Aberdeen perd 3,92% apr\u00e8s avoir chut\u00e9 de pr\u00e8s de 6% dans la journ\u00e9e. Schroders et Jupiter sont en retrait d’environ 5% sur la journ\u00e9e, et Man ferme la marche avec une chute d’environ 9%.<\/p>\n»,"format":"light_html"}}
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse