
«La part du Royaume-Uni dans l’activité de Henderson GI va baisser»

L’Agefi: Quel est l’impact du vote du 23 juin sur votre activité?
Andrew Formica : Après la forte croissance des exercices précédents, le début d’année était déjà plus compliqué. Nous observions une réticence des investisseurs américains et asiatiques vis-à-vis des actifs européens, en raison de l’approche du référendum britannique. Cela se traduisait par un ralentissement de la croissance des ventes. Depuis le 23 juin, on assiste à un retournement de l’activité des clients, avec une croissance des retraits.
Etiez-vous préparés à un tel choc?
Nous pensions que le camp du «Remain» l’emporterait. Mais nous nous étions préparés autant que nous le pouvions à l’hypothèse inverse, avec une forte hausse de la part en cash dans nos portefeuilles de façon à pouvoir répondre aux demandes de retraits des investisseurs. Dans nos fonds immobiliers par exemple, cette part de cash dépassait 20%. Le régulateur a assuré par ailleurs en amont un suivi de notre position de liquidité, sans pour autant fixer d’objectifs particuliers ou à l’échelle de l’industrie de la gestion d’actifs britannique. Sur le plan opérationnel, l’impact est négligeable, car nous pouvons accéder au marché de l’Union européenne grâce à notre gamme de fonds luxembourgeois.
Si le Royaume-Uni perdait le bénéfice du passeport européen des services financiers, cela serait donc indolore pour Henderson?
Nous disposons au Luxembourg d’un conseil séparé qui délègue la gestion de notre gamme de fonds luxembourgeois à une société basée à Londres. Nous devrions sans doute muscler notre équipe sur place, en la passant de 3 à 12 collaborateurs, pour donner davantage de substance à notre activité là-bas. La plupart des grands gestionnaires britanniques procèdent de même. Le problème se poserait surtout pour les petites sociétés de gestion qui n’ont pas de gamme de fonds immatriculée à Dublin ou au Luxembourg, car en constituer une coûte cher.
Quelles sont les priorités aujourd’hui des asset managers britanniques?
L’Investment Association discute avec le Trésor et le régulateur pour les aider à fixer des priorités. La vacance du pouvoir ne facilite pas les choses. Nous voulons d’abord nous assurer que nous ne passerons pas derrière d’autres secteurs, comme la banque. Nous souhaitons ensuite que Londres, premier centre mondial de la gestion d’actifs si l’on excepte les Etats-Unis – très domestique – puisse rester en mesure d’attirer et de retenir les talents étrangers. Le régulateur devra aussi se pencher sur la législation européenne. On pourrait imaginer un nouveau délai dans l’application de Mifid 2, qui par certains côtés va restreindre la liquidité des marchés, ce dont nous n’avons pas besoin en ce moment.
Peut-on s’attendre à terme à une consolidation des petits gérants?
Pas cette année, car chacun voudra avoir plus de certitudes sur l’avenir des relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Mais l’on peut s’attendre dès l’an prochain à une consolidation entre ces petits gestionnaires locaux. Ils vont subir à la fois une moindre croissance de marché, en raison de l’impact des taux bas et de mauvaises performances, une moindre croissance des flux clients, et le coût toujours croissant de la réglementation.
Ces facteurs vous touchent aussi. Sont-ils de nature à remettre en cause votre plan stratégique qui prévoyait une diversification et un doublement des encours entre 2013 et 2018?
Ce qui se passe aujourd’hui est de nature à affecter la réalisation de notre stratégie, mais pas à nous en faire changer. Nous étions en avance sur notre plan. Notre capacité à tenir nos objectifs dépendra de ce qui va se passer dans les 6 prochains mois. Nous avons déjà connu des trimestres de décollecte, par exemple à l’été 2012 lors du pic de stress sur les dettes de la zone euro, et nous sommes toujours repartis de l’avant. Mon travail aujourd’hui consiste à dire à nos clients de ne pas prendre de décisions hâtives. Sur le fond, la faiblesse des rendements favorise toujours la demande pour la gestion actions active, qui constitue 65% de nos encours, et pour les actifs alternatifs. Par ailleurs, si nous ralentissons aujourd’hui le rythme de nos embauches, nous n’avons pas de plan de réduction des effectifs.
Comptez-vous rééquilibrer vos géographies en raison d’un Brexit, et quelle place y aura la France ?
Nous réalisons encore 45 % de notre activité au Royaume-Uni. Cette part devrait baisser au profit des Etats-Unis, dont le poids a vocation à doubler de 20% à 40%, et de l’Europe, de 20% à 30%. L’Asie devrait croître aussi, à un rythme moins élevé. La France représente environ 3% de notre activité, avec 3,6 milliards d’euros d’encours. En termes de croissance, elle se situe dans le top 3 de nos plates-formes européennes.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse