L’affaire du flash crash remet en question la régulation outre-Atlantique

L’arrestation du trader Navinder Singh Sarao contredit l’explication donnée par les autorités au brutal plongeon des actions en mai 2010.
Solenn Poullennec
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L’arrestation d’un trader britannique au motif qu’il aurait contribué au flash crash des marchés américains en mai 2010 remet en question l’analyse du phénomène par les régulateurs américains et l’efficacité de ces derniers.

Mardi, le Department of Justice des Etats-Unis a annoncé l’arrestation dans la banlieue de Londres d’un trader britannique de 36 ans, Navinder Singh Sarao. Les autorités américaines, dont le régulateur, la Commodity Futures Trading Commission (CFTC), accusent le trader d’avoir manipulé le marché des futures adossés au S&P 500 (E-minis) et échangés sur la bourse de Chicago (CME). Ces manipulations auraient conduit à ce que le 6 mai, à la suite de la baisse du marché des E-minis, le Dow Jones s’effondre de quelque 600 points en l’espace de cinq minutes.

L’arrestation de Navinder Singh Sarao a été facilitée par les informations d’un lanceur d’alerte. Elle remet en question, cinq ans après les faits, l’analyse du flash crash qui avait été faite jusque-là par les régulateurs. En septembre 2010, un rapport de la CFTC et de la Securities and Exchange Commission (SEC) avait pointé du doigt la responsabilité d’un ordre d’un montant inhabituel (de 4,1 milliards de dollars de contrats E-minis) passé via un algorithme d’exécution automatique. Et ce, dans un contexte de volatilité élevée et de faible liquidité. Le gestionnaire Waddel and Reed avait peu après reconnu être à l’origine de l’ordre incriminé.

Alors que les régulateurs estimaient que plusieurs facteurs avaient par ailleurs contribué au crash, la mise en cause d’un seul trader, agissant principalement via sa propre société et utilisant un logiciel disponible dans le commerce (bien que modifié à sa demande) paraît incongrue au regard de l’ampleur de l’effondrement du 6 mai. Pour l’éditorialiste du Financial Times, John Plender, l’accusation, si elle était fondée remettrait en tous cas en cause la régulation financière qui, pour prévenir les risques systémiques, s’est jusqu’à aujourd’hui concentrée sur les grands acteurs internationaux de la finance.

Sachant que les supposées manipulations ont eu lieu sur le marchés des dérivés actions et que les agissements de Navinder Singh Sarao avaient retenu l’attention du CME en 2009, l’affaire pourrait aussi relancer le débat sur l’organisation de la régulation américaine. L’ancien président de la Fed, Paul Volcker, vient justement de proposer dans un rapport de fusionner le régulateur des marchés actions, la SEC, avec le régulateur des dérivés, la CFTC.

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