L’accélération de la hausse des salaires britanniques met la BoE sous pression

Si la progression des rémunérations atteint son rythme le plus élevé depuis fin 2008 avec un taux de chômage à 5,5%, l’inflation reste nulle.
Patrick Aussannaire

Le Royaume-Uni est finalement le premier pays à enregistrer un frémissement sensible du côté des salaires, qu’attendent toujours les Etats-Unis. La croissance du salaire hebdomadaire moyen britannique a de nouveau accéléré pour atteindre un rythme nettement supérieur au consensus, à 2,7% sur les trois mois achevés fin avril par rapport à la même période l’an dernier, en intégrant ou pas les bonus.

Ce rythme actuel doit en outre être intégré dans un contexte de croissance des salaires publics stable à environ 1%, ce qui signifie que celle des salaires privés est, à 3,2%, à son plus haut niveau depuis fin 2008. «Lorsqu’on tient compte de l’inflation quasi nulle, les salaires réels du secteur privés progressent à leur rythme le plus élevé depuis 2002», précise BNP Paribas. Malgré cette accélération des salaires, couplée à un taux de chômage qui se rapproche de son niveau de plein emploi à 5,5%, l’inflation britannique est restée proche de zéro depuis le début de l’année. Le rebond de l’inflation sous-jacente a été limité à 0,9% le mois dernier. La BoE n’a pas manqué de mettre en avant les effets négatifs persistants de l’appréciation de la livre, qui s’est renforcée de 7% contre dollar depuis mi-avril, et s’est stabilisée contre euro entre 0,70 et 0,74 depuis février, après s’être appréciée de 18% depuis mi-2013. «L’inflation des salaires ne devrait certes pas exploser, le début de son processus d’accélération s’accompagnera d’un fort mouvement d’inertie sur l’inflation globale tant que la politique monétaire restera accommodante», explique Citigroup.

Les contrats short sterling anticipent une première hausse des taux directeurs en février 2016 et un resserrement de 75 pb d’ici à fin 2016. Les minutes de la dernière réunion de la BoE ont confirmé hier qu’«au fur et à mesure que les freins à la croissance se lèvent, les taux d’intérêt nécessaires pour assurer le fonctionnement de l’économie à des niveaux de capacités normaux et avec une inflation proche de sa cible devraient continuer à augmenter».

Depuis fin 2014, le rendement des Gilts à 2 ans est repassé sous celui des Treasuries, les marchés tablant sur un début de normalisation plus précoce aux Etats-Unis. «La déconnexion entre les anticipations de marché et celles des économistes sur les hausses de taux de la BoE semblent suggérer que les taux britanniques sont trop faibles», estime RBS.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...