La TNFD publie son cadre pour la gestion des risques liés à la nature

Ce cadre, volontaire, permettra aux acteurs du marché d’harmoniser leur approche de la gestion des risques financiers découlant de la perte et de la dégradation de la nature.
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Encore un autre cadre volontaire pour les risques non financiers. Après divers cadres concernant la publication d’informations relatives aux émissions de gaz à effet de serre et à la biodiversité, il s’agit cette fois des risques liés à la nature, c’est-à-dire aux écosystèmes naturels. La Taskforce for Nature-related Financial Disclosure (TNFD) vient de publier son cadre, permettant aux entreprises et aux institutions financières d’évaluer, de divulguer et de mieux gérer les risques liés à leur dépendance vis-à-vis des écosystèmes naturels.

Presque toutes les entreprises dépendent des écosystèmes naturels pour leurs activités commerciales. Mais tant leurs dirigeants que les investisseurs et les créanciers ne tiennent pas suffisamment compte de leur dépendance à l’égard de la nature dans leurs stratégies et leurs décisions d’allocation de capital. Or, ces acteurs font désormais face au risque d’une dégradation de ces écosystèmes due aux émissions de gaz à effet de serre résultant de l’activité humaine, mais aussi des prochaines décisions politiques visant à protéger ces systèmes naturels essentiels dans la lutte contre le réchauffement climatique. « Les coûts de l’inaction augmentent rapidement », prévient David Craig, co-président de la TNFD et fondateur et ancien directeur général de Refinitiv.

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La TNFD vient de publier son cadre volontaire afin d’évaluer, de divulguer et de mieux gérer les risques liés à leur dépendance à l’égard de la nature. Après deux ans de travail collectif, l’initiative internationale a dévoilé 14 indicateurs globaux centraux applicables à tous les secteurs, dont neuf portant sur la dépendance à l’égard de la nature et ses impacts, les autres sur les risques et les opportunités. Ces métriques permettent, par exemple, de comprendre l’utilisation de l’eau par une organisation, la gestion des déchets et l’utilisation des ressources naturelles. L’initiative a également publié des métriques et des indicateurs supplémentaires, et les indicateurs sectoriels seront publiés pendant la COP28 en novembre prochain.

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La TNFD recommande la publication d’informations sur la gouvernance, notamment la composition du conseil d’administration et de la direction en ce qui concerne l’évaluation et la gestion des risques liés à leur dépendance à l’égard de la nature, l’impact de ces risques sur la stratégie, les détails de la gestion des risques et des impacts, ainsi que les métriques et les indicateurs utilisés pour effectuer cette évaluation. Les recommandations demandent aux organisations de publier des métriques matérielles liées à leur activité, de divulguer la localisation des actifs impactés par ces risques, de spécifier le champ d’application des informations, par exemple, s’il s’agit des opérations directes ou des chaînes de valeur en amont ou en aval, et de préciser la temporalité de l’action ciblée à gérer ces risques.

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Le cadre de la TNFD intègre les approches existantes proposées par la Taskforce for Climate-related Financial Disclosures (TCFD), l’analyse de la matérialité financière de l’International Sustainability Standards Board (ISSB) et le principe de la matérialité de l’impact d’une organisation sur la nature et les écosystèmes, encadré dans la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD).

La TNFD compte près de 40 dirigeants d’institutions financières, d’entreprises et d’autres acteurs financiers représentant 2.000 milliards de dollars d’encours sous gestion. L’un des participants clés, le fonds souverain norvégien, le Norges Bank Investment Management, envisage d’utiliser ce cadre dans ses activités actionnariales et d’analyse de portefeuille, selon Snorre Gjerde, responsable de l’engagement actionnarial et membre de la TNFD. Un autre membre, Mirova, a également annoncé sa volonté d’adopter ce cadre et de l’intégrer dans le processus de reporting. « Il est impératif que les entreprises prennent des mesures pour lutter contre la perte de nature afin d’améliorer leur résilience face aux risques physiques et de transition croissants », déclare Philippe Zaouati, son fondateur et directeur général. La TNFD prévoit de publier un rapport à partir de 2024, suivant l’adoption volontaire du marché de ce cadre chaque année.

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