La Suisse joue encore la carte de la liquidité pour affaiblir le franc

La Banque nationale suisse a relevé les avoirs en comptes de virement détenus par les banques de 120 à 200 milliards
Tân Le Quang

Le retour en force de l’aversion pour le risque complique la tâche de la Suisse et du Japon, dont les monnaies nationales font office de valeur refuge. Depuis le renforcement des craintes sur la Grèce début juillet, le franc suisse a progressé de 5% à 9% contre les devises du G10, y compris le yen. En baisse de 2% face à la devise helvétique, la monnaie nipponne enregistre, en deux mois et demi, une hausse de 3% à 7% contre les devises internationales.

Du coup, la Suisse ne relâche pas ses efforts pour déprécier la devise qui pénalise son économie et ses exportations. La monnaie helvétique s’est appréciée de 26% face au billet vert et de 11% face à la monnaie unique cette année. Elle a contraint le 3 août la Banque nationale suisse (BNS) à abaisser sa marge de fluctuation du taux Libor à trois mois à un niveau proche de zéro, de 0%-0,75% à 0%-0,25%, tout en augmentant les avoirs en comptes de virement détenus par les banques à la BNS de 30 milliards de francs, à 80 milliards. Après avoir relevé ces derniers à 120 milliards le 10 août, la banque centrale, considérant «toujours la monnaie extrêmement surévaluée», a hier annoncé leur relèvement à 200 milliards. La BNS a également ouvert la porte à des «mesures supplémentaires contre la fermeté du franc», si la situation l’exigeait.

Conséquence de la déception du marché des changes qui attendait un rattachement du franc suisse à l’euro ou l’annonce d’un taux de change cible, l’euro/franc suisse a stagné à 1,1469 hier. «L’intervention de la BNS a aidé à casser la spirale baissière de l’euro/franc suisse, mais nous ne voyons pas l’expansion de la liquidité comme un facteur déterminant dans le rebond significatif de la parité euro franc suisse la semaine passée, qui avait ateint les 1,15», note UniCredit. Selon la banque italienne, les achats de la BCE de dettes et les anticipations d’une cible de taux de change ont probablement nourri ce rebond. L’institution voit les mesures de liquidité comme un préalable à la fixation d’un taux cible.

Le Japon, lui, n’a pas encore jugulé la fermeté du yen. Alors que le marché s’attend à une intervention de la Banque du Japon sur le marché des changes, les positions spéculatives nettes acheteuses de monnaie japonaise ont atteint des niveaux très élevés de 55.833 et 42.149 contrats les semaines closes les 2 et 9 août. Hier, le dollar/yen a touché les 76,41, contre un plancher historique de 76,25.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...