
La standardisation de l’ESG «vouée à l’échec» selon un commissaire de la SEC
Mark Uyeda, commissaire du gendarme financier américain Securities & Exchange Commission (SEC), a exprimé, vendredi 27 janvier, ses vues sur le sujet de l’intégration et des mesures des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans les fonds d’investissement. Le représentant de la SEC a prononcé une allocution lors d’un évènement de l’organisation non-gouvernementale californienneCalifornia 40 Acts Group. Pour Mark Uyeda, qui fait partie du camp républicain conservateur, l’investissement ESG est rendu compliqué par trois facteurs. A savoir l’incapacité de définir objectivement l’ESG, la tentation que les régulateurs puissent influer en faveur d’objectifs ESG spécifiques, et le souhait de certains gérants d’investir les encours de leurs clients en poursuivant des objectifs ESG sans avoir été mandaté par leurs clients pour cela. D’où la difficulté selon le commissaire de la SEC d’établir un cadre règlementaire spécifique pour l’ESG. Le régulateur américain a notamment proposé l’an dernier des règles sur les dénominations des fonds durables. Alors que l’industrie pousse pour des standards harmonisés au niveau international, Mark Uyeda a déclaré que d’après lui, la SEC reconnaissait «la réalité fondamentale que des mesures ESG standardisées étaient vouées à l’échec». « C’est d’autant plus vrai que les mesures ESG sont de plus en plus utilisées pour faire avancer des causes sociales ou politiques. Même si certaines métriques ESG peuvent être utilisées pour évaluer les revenus financiers attendus d’une société, le but de l’investissement ESG est souvent autre que la performance financière. Etant donné que les parties prenantes ont des vues différentes sur ce que constitue un résultat politique ou social souhaitable, catégoriser les investissements comme bons ou mauvais d’un point de vue ESG paraît difficile », a observé le commissaire de la SEC. L’agenda derrière les notations Mark Uyeda estime que l’impraticabilité d’une définition universelle de l’ESG peut conduire à des abus qui amèneraient les gestionnaires à investir dans des sociétés spécifiques sur la base d’agendas politiques ou sociaux. Le commissaire de la SEC est aussi très inquiet quant à l’éventuelle création de normes de notations ESG, qui iraient bien au-delà de la prévention contre l’éco-blanchiment dans l’industrie des fonds. «Ces normes peuvent plutôt être conçues comme un moyen pour les gestionnaires d’actifs de s’engager avec la direction de l’entreprise dans un effort plus large pour amener les entreprises à satisfaire aux critères d’un service de notation ESG spécifique. Comme les notations ESG peuvent être dissociées des questions de matérialité financière, elles peuvent refléter un programme politique ou social particulier. Le résultat - et peut-être le but - est que les entreprises seront forcées de promouvoir l’agenda de la société de notation ESG afin d’obtenir des capitaux. Le système émergent a plus en commun avec un roman de George Orwell qu’avec ce que l’on pourrait considérer comme un outil d’analyse financière accepté», a commenté Mark Uyeda. Le commissaire républicain de la SEC, qui s’interroge sur la pertinence des nouvelles règles envisagées par son institution, a mis en garde contre l'élaboration de nouvelles régulations qui favoriseraient un agenda social ou politique spécifique.
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