La responsabilité sociétale des organisations aide les TPE et PME à se développer

L’avis d’expert de Michel Gire, président de Walter France*
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Michel Gire, président de Walter France*

Les démarches de responsabilité sociétale des organisations (RSO) se multiplient et on passe peu à peu de démarches non contraintes à une pression interne et externe pour que les organisations se transforment.

Née en 1960, la notion de RSO faisait alors surtout référence à l’environnement. C’est en 1987 que la définition actuelle s’est enracinée : « Le développement durable répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins. »

La RSO, selon le référentiel maintenant bien ancré de la norme ISO 26000, tourne autour de sept questions centrales : les droits de l’homme, les relations et les conditions de travail, les bonnes pratiques des affaires, les questions relatives aux consommateurs, l’environnement et l’engagement sociétal, et, en supra, la gouvernance de l’organisation.

La RSO doit être une démarche holistique, transversale, qui concerne tous les pôles de l’entreprise, et pas seulement les achats ou les ressources humaines, comme on peut être tenté de le croire. Cet état d’esprit doit être porté par la direction mais c’est cette démarche transversale qui permettra de la faire perdurer au-delà du dirigeant du moment, afin que le management intermédiaire continue à faire vivre ces valeurs. Ainsi se crée une dynamique d’amélioration continue où chacun est responsable de ses propres actions mais doit aussi se projeter dans les actions des autres, afin que cette interaction de soi sur les autres et des autres sur soi génère un cercle vertueux.

Pour créer cet état d’esprit, plusieurs étapes sont à franchir :

-Effectuer une recherche documentaire pour comprendre comment on peut définir ses propres valeurs, en fonction de son environnement économique, géographique..., étudier les rapports RSO des entreprises de son secteur, les normes...

-Définir ses valeurs, travail qui peut conduire par exemple à interroger ses équipes pour identifier ce que chacun attend de son environnement professionnel, de son entreprise. -Identifier ses parties prenantes. Prenons un exemple concret. Au-delà des salariés, des clients et des fournisseurs, si un dirigeant décide d’implanter son entreprise dans une nouvelle région, il aura tout intérêt à travailler avec les structures locales, que ce soit pour ses locaux, ses partenaires économiques, les universités pour embaucher des jeunes, etc. -Réaliser un diagnostic de l’existant : tout le monde fait un peu de RSO sans le savoir ! -Travailler sur des domaines d’action pertinents : se concentrer sur quelques actions visibles pour que toutes les parties prenantes, comme les équipes, les clients et les fournisseurs, constatent que la démarche fonctionne. Ensuite, il faut faire vivre la démarche dans le temps. C’est le principe de l’amélioration continue qui s’applique : prendre des engagements, rendre compte, mettre en place un tableau de bord de suivi, corriger et adapter les actions... C’est une remise en cause permanente, qui est possible dans toutes les structures. Les entreprises ont tout intérêt à se faire labelliser : c’est un outil qui permet de suivre tous ses engagements, en les adaptant. Les dirigeants du secteur tertiaire pourront utilement s’interroger sur leur empreinte numérique par exemple.

Parallèlement, on ne peut qu’inciter les dirigeants à publier chaque année un rapport intégré, qui diffuse leurs résultats RSO. Cet outil fédérateur, véritable ciment pour l’entreprise, leur permettra, au-delà des chiffres, de partager leurs succès et leurs nouveaux objectifs.

Pour une entreprise d’un million d’euros de chiffre d’affaires, le coût direct de la labellisation est de 2.000 à 2.500 euros. Ce coût peut aller jusqu’à 10.000 euros pour une entreprise plus importante. Mais ce coût, quel qu’il soit, est plus que largement compensé par les bénéfices.

Il est démontré qu’une entreprise RSO est plus performante, y compris économiquement, qu’une entreprise non RSO. Elle attire les talents et permet de les fidéliser. Autres exemples de bénéfices : une entreprise RSO maîtrise mieux ses risques et elle peut se valoriser avec cette démarche. Au niveau sociétal, l’effet domino est avéré : un salarié qui vit la démarche au sein de son entreprise modifiera obligatoirement tôt ou tard son comportement dans sa vie privée, influencera sa famille, puis son cercle relationnel, etc. Même phénomène avec les fournisseurs, sur lesquels une pression bienveillante du client aura des effets bénéfiques. La démarche RSO est enfin parfaitement adaptée aux TPE-PME, elle les prépare à notre modèle social et économique qui lui-même se transforme. Une entreprise RSO sera plus innovante, maîtrisera ses risques, sera dans l’amélioration continue et, en conséquence, sera globalement plus performante.

*Réseau de cabinets indépendants d’audit, d’expertise et de conseil.

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