La Pologne vend ses actifs pour se racheter une crédibilité budgétaire

L’Etat a lancé lundi la mise sur le marché de 33,1 % du producteur de charbon à coke JSW qui pourrait lui rapporter jusqu’à 1,8 milliard d’euros
Patrick Aussannaire

La Pologne liquide ses actifs. Dans le cadre de son programme de privatisations, l’Etat polonais a lancé lundi le processus d’introduction sur la Bourse de Varsovie du producteur de charbon à coke JSW. «Le ministre du Trésor va céder près de 33,1% de JSW» a indiqué à Reuters une source proche. UniCredit, qui dirige l’opération avec Citigroup et Goldman Sachs, a estimé la valeur du groupe entre 13,2 et 21,5 milliards de zlotys (entre 3,3 et 5,4 milliards d’euros). L’Etat espère ainsi tirer jusqu’à 1,8 milliard d’euros de cette opération.

La hausse des prix du charbon consécutive aux inondations en Australie en décembre a dopé la valorisation des producteurs. Les prix des contrats à terme sont ainsi passés de 225 à 330 dollars la tonne, tirant le résultat net du groupe, qui exporte 45% de sa production, de 149 à 619 millions de zlotys au premier trimestre. Et NWR, son homologue tchèque, de voir le cours de son action progresser de 37% depuis décembre.

Néanmoins, la cession le mois dernier de 12% de la banque BGZ à 60 zlotys par action pour 79 millions d’euros, alors que le gouvernement prévoyait initialement la mise en vente de 37% entre 66 et 90 zlotys par action pour 346 millions, invite à la prudence. Dans ce contexte, les 15 milliards de zlotys de recettes de privatisations prévus cette année pourraient tourner court. L’Etat prévoit aussi la vente de 10% dans la banque PKO BP cette année, alors que le raffineur Grupa Lotos sera cédé en 2012.

Si l’économie a su éviter la récession en 2009 avec une croissance de 1,7%, qui s’est accélérée à 3,8% en 2010 et à 4,4% au premier trimestre, le passage des déficits jumeaux au-dessus du seuil symbolique des 10% inquiète les investisseurs. Le déficit public a atteint 7,9% du PIB en 2010 et le déficit des comptes courants 4%, propulsant la dette au-delà du seuil légal de 55% du PIB. Si ce niveau ne semble pas inquiétant, la société de gestion GaveKal rappelle que «les exemples récents de l’Irlande et de l’Espagne montrent avec quelle rapidité la dette peut exploser à des niveaux inquiétants quand la croissance s’inverse».

L’Etat a été contraint d’intervenir sur le marché des changes l’an passé en vendant 1,25 milliard d’euros, tirant la devise à 3,9056 en mai (contre 4,0996 en mars) afin de réduire la valeur de la dette exprimée en zloty. A 6,07%, le taux de l’emprunt d’Etat 10 ans se maintient à environ 200 bp au-dessus des taux courts.

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