La polémique sur les agences de notation franchit un nouveau degré

Washington met en cause « l’intégrité » de S&P. Pékin somme les Etats-Unis de garantir « la sécurité de ses avoirs »
Philippe Mudry

La polémique entre les Etats et les agences de notation a franchi un nouveau palier à l’occasion de la dégradation de la note des Etats-Unis par Standard & Poor’s. Le Trésor a mis en cause «la crédibilité et l’intégrité» de l’agence, qui a rétorqué que cette réaction ne faisait que démontrer à quel point Washington ignore les dégâts causés à l’image des Etats-Unis par les dysfonctionnements politiques qui se sont étalés aux yeux de tous à l’occasion du grand marchandage budgétaire.

Sur le fond, le Trésor reproche à S&P une lourde erreur de calcul : S&P les avait d’abord fondés sur le «scénario budgétaire alternatif» préparé par le Bureau budgétaire du Congrès (CBO), prenant pour hypothèse que les dépenses relevant de l’Etat croîtraient en ligne avec la croissance du PIB. C’est de ce chiffre que S&P avait retranché 900 milliards de dollars d’économies résultant de l’accord budgétaire Maison blanche-Congrès.

Or ce chiffre de 900 milliards avait été calculé par le CBO non pas à partir de son scénario alternatif, mais à partir d’une évolution des dépenses en ligne cette fois avec l’inflation. S’il avait été calculé à partir du scénario alternatif, le volant des économies à retrancher aurait été proche de 3.000 milliards, assure le Trésor, soit une différence de 2.000 milliards avec les calculs de S&P!

Sans nier l’erreur, S&P a répliqué qu’elle ne changeait rien à son analyse selon laquelle l’accord sur le plafond de la dette nationale était «insuffisant pour stabiliser la dynamique d’endettement à moyen terme».

Surtout, l’agence souligne que l’épreuve de force au sein du pouvoir américain sur la dette a illustré «l’affaiblissement de l’efficacité, de la stabilité et du caractère prévisible» des institutions politiques américaines.

Sans se mêler au débat, la Chine s’est chargée d’enfoncer le même clou avec une virulence inédite. Après avoir estimé que «les jours étaient comptés où l’Oncle Sam, perclus de dettes, pouvait en toute tranquillité se gaver de quantités illimitées de dollars empruntés», Pékin, par le canal de l’agence officielle Xinhua, a appelé à une «surveillance internationale» sur la question du dollar.

En sa qualité de premier créditeur des Etats-Unis, «la Chine a tous les droits d’exiger des Etats-Unis qu’ils traitent leur problème structurel d’endettement et assurent la sécurité des avoirs chinois en dollars», a averti Xinhua.

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