
La moitié des investisseurs ignorent le concept de la transition juste, selon Fidelity

La transition juste reste inconnue de la plupart des investisseurs. Bien qu’ils s’accordent sur la nécessité de transformer l'économie et de réduire les émissions de carbone, ils ignorent le caractère « juste » de cette transition, c’est-à-dire son accomplissement de manière équitable pour tous. C’est ce qui ressort d’une enquête réalisée par Fidelity International en collaboration avec Coalition Greenwich, dévoilée en avant-première à l’Agefi.
Parmi les 120 investisseurs institutionnels et intermédiaires interrogés en Europe et en Asie, seuls 42 % d’entre eux connaissaient le concept de la transition juste. Les investisseurs asiatiques (30 %) sont moins sensibilisés que leurs homologues européens (47 %). « Ces résultats soulignent la nécessité d’accroître la sensibilisation à ce sujet, compte tenu de l’urgence des défis liés à la transition auxquels nous sommes actuellement confrontés », nous a expliqué Emilie Goodall, responsable de la gouvernance en Europe chez Fidelity International.
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Le manque de sensibilisation risque de compromettre la réalisation d’une transition équitable, selon l’étude. Près de la moitié des investisseurs (43 %) estime qu’atteindre une transition juste est peu probable. Cette absence de conviction pourrait se traduire par une allocation inégale du capital, privilégiant des secteurs importants pour la transition énergétique au détriment de ceux qui sont cruciaux pour la transition juste. Cela se reflète dans les choix des investisseurs concernant les secteurs les plus attrayants pour la réalisation de la transition juste. Parmi les 127 investisseurs qui ont répondu à cette question, la majorité (61 %) a privilégié les énergies renouvelables. Or, tous les secteurs ont besoin de réaliser la transition de manière équitable, souligne Fidelity International.

Cependant, la sensibilisation conduit à des actions concrètes. Parmi les investisseurs sensibilisés à la transition juste, près de 35 % ont déjà mis en place ou prévoient de mettre en place une stratégie d’investissement axée sur ce thème. Sur le plan financier, tous les investisseurs interrogés sont convaincus qu’investir dans une « transition juste » aura un impact positif (91 %) sur les profils de rendement/risque à long terme. Toutefois, à court terme, seulement 21 % d’entre eux sont convaincus que les investissements dans ce thème généreront un impact positif. Plus d’un quart (26 %) estiment qu’ils auront un impact négatif.
L’étude identifie également les freins à la transition juste. Pour la majorité (46 %) des investisseurs, le manque d’une politique gouvernementale claire est une contrainte qui ralentit la transition juste. « Il est nécessaire que les autorités publiques, le secteur privé et la société civile travaillent de manière collective pour accélérer la transition juste. Nous constatons que les décideurs politiques ont montré qu’ils pouvaient déployer d’importants efforts politiques, tels que le mécanisme de transition juste dans l’Union européenne », a déclaré Emilie Goodall. Le pouvoir des lobbies des industries polluantes (29 %), les tensions géopolitiques (25 %) et la récession économique (21 %) ont été identifiés comme d’autres obstacles.
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La majorité (89 %) des investisseurs estime que les actions joueront le rôle le plus important dans la réalisation d’une transition juste, suivies par les actifs privés (81 %). Dans ce contexte, Emilie Goodall souligne l’importance d’une définition et d’un langage communs pour ce qui constitue un fonds ou un produit financier axé sur la transition juste. « En tant que secteur financier, nous devons disposer de critères communs sur ce qui constitue un fonds investissant dans la transition juste, qui puisse fonctionner pour différentes classes d’actifs », a-t-elle ajouté.
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