La Grèce va encore batailler avec ses créanciers

Athènes durcit le ton sur les privatisations et l’évasion fiscale à la veille de l’Eurogroupe
Yves-Marc Le Réour
L’économiste Yanis Varoufakis, le ministre grec des Finances. Photo Bloomberg.
L’économiste Yanis Varoufakis, le ministre grec des Finances. Photo Bloomberg.  - 

Les négociations s’annoncent ardues aujourd’hui entre le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis et ses homologues européens, réunis une nouvelle fois au sein de l’Eurogroupe. «Notre position de fermeté, qui s’appuie sur la logique, débouchera sur un accord, même à la dernière minute», a déclaré samedi le ministre grec dans une interview au journal Kathimerini. La volonté de réformes mise en avant par Athènes s’accompagne du refus persistant d’un plan de sauvetage ayant les mêmes caractéristiques que les précédents.

Selon Yanis Varoufakis, les principaux points de friction entre la Grèce et l’Union européenne portent sur les privatisations des services publics et le marché du travail. De fait, le ministre Alekos Flabouraris, en charge de la coordination du projet gouvernemental, a annoncé samedi qu’Athènes allait réexaminer un accord d’un montant de 1,2 milliard d’euros par lequel le groupe Fraport obtiendrait la gestion de 14 aéroports régionaux. L’opérateur allemand, qui espérait conclure cet accord en octobre, avait prévu d’investir 330 millions d’euros pendant les quatre premières années d’exploitation pour moderniser des installations cédées pour une durée de 40 ans.

«Nous avons besoin de temps plus que d’argent pour mettre en place nos projets de réformes», a déclaré de son côté le premier ministre grec Alexis Tsipras. Pour financer son programme «anti-crise» dont le coût est estimé à 12 milliards d’euros, le gouvernement compte notamment lutter plus efficacement contre l’évasion fiscale qui pénalise depuis des années l’économie du pays. Interrogé par le journal helvétique Sonntagszeitung, Nikos Filis, qui préside le groupe parlementaire du parti Syriza au pouvoir, a souligné qu’environ «80 milliards d’euros ont été retirés des banques grecques depuis le début de la crise», pour être investis à Singapour, à Londres ou en Suisse.

Les marges de manœuvre d’Athènes semblent relativement réduites au vu des dernières statistiques économiques publiées vendredi, qui font état d’un repli inattendu de 0,2% du produit intérieur brut (PIB) du pays au quatrième trimestre. Si l’évolution des composantes de l’activité n’est pas encore disponible, «les incertitudes politiques accrues sur la période ont vraisemblablement pesé sur la consommation et les investissements», avancent les économistes de Morgan Stanley. Sur l’ensemble de l’année écoulée, la croissance de 0,9% est positive pour la première fois depuis 2008.

En cas d’échec des négociations avec l’Eurogroupe, le Conseil des gouverneurs de la BCE «sera vraisemblablement conduit à ne pas proroger la fourniture de liquidité d’urgence (ELA) lors de sa réunion le 18 février», jugent les économistes de Barclays. Le président de la BCE Mario Draghi a néanmoins qualifié hier de purement spéculatif le scénario d’un «Grexit» qui verrait la Grèce quitter la zone euro.

Selon la recherche économique de Natixis, un tel scénario serait d’autant plus malvenu que la Grèce a mis en place depuis 2008 «une très forte dévaluation interne qui a complètement rétabli sa compétitivité et la profitabilité de ses entreprises». Ce «Grexit» ferait donc inutilement subir au pays de grands risques se traduisant par «l’évasion des capitaux, une hausse des taux d’intérêt, un défaut obligatoire sur les dettes extérieures en euros et une perte d’attractivité pour les investisseurs».

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