La Grèce joue avec les nerfs de ses créanciers

Le gouvernement, qui a ajourné un remboursement au FMI, juge les conditions d’un accord irréalistes
Antoine Duroyon
Alexis Tsipras, le Premier ministre grec.
Alexis Tsipras, le Premier ministre grec.  - 

Le Premier ministre gec Alexis Tsipras a jugé vendredi les conditions requises pour un déblocage des fonds d’aide «manifestement irréalistes». Le chef du gouvernement a évoqué une «surprise désagréable», espérant voir dans les demandes de ses créanciers une «mauvaise tactique de négociations». Ces propos tenus devant les députés grecs illustrent la tension croissante entre les deux camps, alors que la Grèce a elle-même notifié jeudi au FMI le report à la fin juin d’un remboursement de 300 millions d’euros.

Athènes a décidé de combiner en une seule échéance payable le 30 juin ses quatre remboursements prévues ce mois ci, soit 1,6 milliard d’euros au total. Une manoeuvre autorisée par le FMI mais rarement utilisée qui montre que le gouvernement grec n’hésite pas à faire monter la pression. Avant de se retrouver dimanche dans les Alpes bavaroises pour un sommet du G7, François Hollande et Angela Merkel ont eu un entretien téléphonique samedi soir avec Alexis Tsipras. Ils sont convenus de se retrouver mercredi à Bruxelles en marge du sommet UE-CELAC.

Dans la journée de dimanche, le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis est monté en première ligne pour affirmer que la dernière proposition des créanciers ne ferait qu’exacerber la situation économique difficile de la Grèce. «Nous ne signerons pas un accord qui prolonge cette crise qui s’auto-alimente depuis les cinq dernières années», a-t-il déclaré au journal Proto Thema, appelant les créancier à envisager plutôt un allègement de la dette. Les responsables grecs militent également pour une protection des retraites et des salaires et des objectifs d’excédent primaires plus faibles.

Selon un responsable grec, cité par Bloomberg, un plan alternatif élaboré par Athènes reste sur la table et attend toujours un retour. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a toutefois indiqué dimanche qu’il n’avait pas encore pu en prendre connaissance, ce qui l’a conduit à refuser un entretien téléphonique avec Alexis Tsipras samedi. Il prévoit lui aussi de rencontrer le chef du gouvernement grec mercredi à Bruxelles.

En France, le ministre des Finances a tenté dimanche de désamorcer la situation. «Personne n’a jamais, du côté des institutions et encore moins du côté des pays, considéré que c'était du tout ou rien, que c'étaient des ultimatums, à aucun moment on n’a été dans cette situation-là. Ce n’est le cas ni d’un côté ni de l’autre», a assuré Michel Sapin à Reuters. Le ministre a reconnu que la question des retraites, dont les créanciers veulent réduire la charge, constituait un point d’achoppement. Il a toutefois estimé que les arguments du côté grec «ne sont pas sans légitimité». «Après, ils peuvent faire des propositions différentes pour essayer d’apporter le même équilibre économique global», a ajouté Michel Sapin.

Pour les économistes de RBS, Alexis Tsipras a davantage intérêt à conclure un accord avec ses créanciers qu'à se diriger vers de nouvelles élections. Selon un sondage publié vendredi par le site newsit.gr, la moitié des Grecs interrogés estime d’ailleurs que le gouvernement doit renoncer à ses fameuses «lignes rouges» (sur le marché du travail et les retraites) si les créanciers ne les acceptent pas, afin d’arracher un accord.

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