
La gestion du fonds souverain libyen apparaît au grand jour
Global Witness, l’ONG britannique, a lancé un pavé dans la mare en dévoilant le rapport de gestion interne à fin juin 2010 de la Libyan Investment Authority (LIA). Le fonds souverain libyen, fort de 53,3 milliards de dollars, a placé ses avoirs dans plusieurs banques et hedge funds occidentaux, avec parfois à la clé de lourdes pertes, comme sur des produits structurés vendus par la Société Générale.
La banque française a indiqué hier qu’elle «travaille avec de nombreux fonds souverains, toujours dans le respect complet des règles et des lois. Dans les situations de gel d’avoirs, elle applique strictement les sanctions internationales en vigueur». Même si rien ne lui interdisait, avant le gel des avoirs libyens à l’étranger au printemps 2011, de gérer ces fonds, la banque n’en voit pas son image grandie. D’autant que les produit vendus à LIA n’ont pas servi les intérêts de ce dernier.
Ces révélations jettent en tout cas un coup de projecteur inédit sur la gestion d’un fonds souverain. La poche alternative du portefeuille de LIA, déléguée, concentre l’attention. D’un prix de revient de 5,3 milliards, les produits structurés et parts de fonds valaient moins de 3,9 milliards à fin juin 2010, après la correction des marchés liée à la crise grecque. A elle seule, la Société Générale a vendu trois produits structurés (actions et crédit) de 1,8 milliard, tombés à 1,06 milliard. Deux d’entre eux affichent des reculs depuis l’origine de 72% et 50%, et le troisième un gain de 13%. LIA accuse aussi de lourdes pertes sur des fonds de Cheyne Capital, Permal ou Millenium. Enfin, des options sur actions et change, acquises 1,25 milliard de dollars, valaient quasiment zéro.
La plupart de ces investissements sont antérieurs à 2008. LIA a ainsi acheté à Lehman Brothers pour 300 millions de dollars de CPPI, un produit de crédit à la mode jusqu’en 2007, dont la valeur a été réduite à néant.
Le gros du portefeuille est constitué malgré tout de dépôts à termes (37%) et de parts dans des filiales (31%). Les placements obligataires de 3,4 milliards, dont 1,5 milliard délégués à Nomura, Western et BNY, sont investis en majorité en Treasuries et titres bancaires. Le portefeuille actions, lui, était constitué de 55 lignes, dont 12 stratégiques (comme les 1,19% dans Lagardère). Fin juin 2010, le fonds était notamment actionnaire de Lafarge (1,34%), EDF (0,94%), GDF (0,81%) ou France Télécom (1%).
{"title":"","image":"77126»,"legend":"fonds souverain libyen LIA»,"credit":""}
Plus d'articles du même thème
-
La Chine entend renforcer son leadership dans le stockage énergétique
Les autorités prévoient un quasi-doublement de la capacité installée de stockage par batterie à 180 GW d’ici à 2027, générant ainsi environ 35 milliards de dollars d’investissements. -
Microsoft et OpenAI explorent l'avenir de leur partenariat
OpenAI et son actionnaire minoritaire et partenaire commercial privilégié Microsoft ont trouvé un accord préliminaire portant sur «la prochaine phase» de leur collaboration, ont-ils indiqué dans un communiqué jeudi. -
L'Agefi alpha - septembre 2025
Chaque fin de mois, avec l’objectivité et l’expertise qui caractérisent ses journalistes, L’Agefi alpha vous propose des enquêtes fouillées et décortique des innovations technologiques ou financières. Il ouvre une fenêtre sur un marché à l’international, les asset managers ayant depuis longtemps traversé les frontières, et met en valeur les femmes et les hommes qui font la richesse de cette industrie et la force de la place financière française. -
PARTENARIAT
Pourquoi investir aujourd’hui dans les actions européennes sous-évaluées ?
Pourquoi les titres value européens sont-ils attractifs ? Les actions européennes sont en pleine renaissance depuis le début de l’année. Après avoir été éclipsée pendant des années, le regain d’intérêt dont bénéficie cette classe d’actifs constitue un changement radical qui s’explique en partie par la perte de confiance à l’égard des actifs américains et par la prise en compte du niveau attractif des valorisations en Europe. Pour les investisseurs « value », en particulier, des opportunités potentielles peuvent être trouvées sur l’ensemble du marché européen. Nous pensons que c’est le moment opportun pour redécouvrir les valeurs européennes. -
PARTENARIAT
Les bienfaits de la dette privée dans un environnement volatil
Les événements géopolitiques et l’incertitude macroéconomique créent un contexte éprouvant pour les investisseurs en quête de revenus. Comment la dette privée, grâce à son large éventail d’actifs, peut-elle leur offrir la flexibilité et la diversification qu’ils recherchent ? -
Les fonds actions internationales à la loupe #134
Par sa profondeur et par l’importance de son univers d’investissement, cette catégorie recèle de pépites, dont certains se sont distinguées sur les douze derniers mois.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- En deux ans, les ETF «datés» ont réussi à se faire une place en Europe
- Comgest renouvelle son équipe de gestion actions européennes
- Albert Saporta (GAM Investments) : « Je veux remettre la gestion alternative au cœur de GAM »
Contenu de nos partenaires
-
Bande-son
Affaire Cohen-Legrand : autopsie d'un scandale qui dérange le service public
Les contempteurs de la « bien-pensance » y ont vu la preuve irréfutable de la collusion de service public et de la gauche. Leurs adversaires se sont alarmés d’une inquiétante poussée du « trumpisme » en France. Autant de signaux qui justifiaient, pour l’Opinion, de remonter le fil du scandale -
Seine colère
Municipales à Paris : France Inter, l’autre adversaire de Rachida Dati – par Jean-Michel Salvator
Si l’affaire Cohen-Legrand a eu un tel retentissement à droite, c’est qu’elle résonne comme un aveu… Depuis des années, le peuple de droite se sent escamoté, méprisé, invisibilisé par un service public qui penche systématiquement à gauche -
Concurrence : Microsoft dissocie Teams d'Office 365 pour échapper à une amende de l'UE
Bruxelles - Microsoft a échappé vendredi à une amende de l’Union européenne (UE) pour abus de position dominante liée à Teams, son application de visioconférence, la Commission ayant annoncé avoir accepté sa proposition de la séparer nettement de ses outils de bureautique comme Word, Excel ou Outlook. Les engagements du géant américain du logiciel «répondent aux inquiétudes soulevées par la Commission en raison des liens entre Microsoft Teams et les applications de bureautique très populaires Word, Excel, PowerPoint, Outlook, inclus dans les suites logicielles destinées aux clients professionnels, Office 365 et Microsoft 365", a expliqué la Commission européenne dans un communiqué. Selon ces promesses rendues publiques au printemps, le géant américain des logiciels va non seulement «proposer des versions de ses suites logicielles qui ne comprennent pas Teams, et à prix réduit», mais il va aussi permettre aux clients qui ont déjà souscrit à des licences de passer à des versions sans Teams. En outre, le groupe va faciliter le fonctionnement d’applications concurrentes de Teams dans Windows, et permettra aux clients de transférer leurs données de Teams vers celles-ci. «En aidant à rétablir une concurrence loyale, ces engagements vont ouvrir le marché à d’autres fournisseurs d’outils de communication et de collaboration en Europe», a salué la Commission. L’affaire avait débuté en juillet 2020 par une plainte de la start-up américaine Slack, entre-temps rachetée par Salesforce. Confrontée à des pertes de parts de marché dans le domaine des messageries d’entreprise, Slack avait attaqué Microsoft pour concurrence déloyale auprès de la Commission européenne. Dans la foulée, la Commission avait ouvert en juillet 2023 une enquête pour pratique anticoncurrentielle contre Microsoft. Lors de la présentation, en mai, de ses engagements renforcés pour remédier aux abus constatés par l’UE, Microsoft avait assuré qu’ils «représentent une solution claire et complète aux problèmes soulevés par (les) concurrents et qu’ils offriront plus de choix aux clients européens». L’an dernier, Microsoft avait déjà annoncé qu’il dissociait Teams de ses suites Office 365 et Microsoft 365 qui incluent également Powerpoint et Outlook. Le groupe avait alors souligné que ses clients pouvaient désormais acquérir ces logiciels sans l’application de visioconférence, à un prix inférieur. Mais la Commission avait jugé ces changements insuffisants pour répondre à ses préoccupations, conduisant le groupe à muscler ses engagement en mai 2025. © Agence France-Presse