La France perd en attractivité auprès des investisseurs

Le baromètre Ernst & Young souligne la perte de vitesse de l’Hexagone face à un voisin allemand qui le talonne, loin toujours derrière le Royaume-Uni
Benoît Menou

En termes d’attractivité auprès des investisseurs internationaux, la France jouerait à l’élève doué mais pas assez travailleur ou imaginatif. Le pays en effet «attire faute d’inspirer», selon le baromètre annuel Ernst & Young de l’attractivité publié ce matin, réalisé sur la base d’entretiens avec plus de 200 dirigeants d’entreprises de 23 pays et d’une revue des investissements étrangers directs (IDE) l’an passé.

Cette dernière met en lumière une reprise des IDE en Europe (3.757 décisions d’implantations en 2010, en hausse de 14%, représentant la création de 137.337 emplois, en hausse de 10%). Alors que le Royaume-Uni reste un «leader incontournable», la deuxième place de la France n’a rien de rassurant selon Ernst & Young, puisque le pays est désormais talonné par l’Allemagne. Deux projets d’implantation seulement (562 contre 560) séparent les deux voisins (+6% en France, contre +34% outre-Rhin et +11% en moyenne pour l’Europe occidentale). L’Hexagone conserve son rang grâce surtout aux services ou à la recherche et développement, mais le rapport fait état d’«inquiétudes dans des secteurs stratégiques pour la sortie de crise» comme la pharmacie ou les investissements en provenance d’Inde ou de Chine.

Dès lors, 31% seulement des sondés estiment que l’attractivité du pays va s’améliorer au cours des trois prochaines années, 14 points de moins que l’an dernier. Les investisseurs se désolent selon Ernst & Young du manque d’«une stratégie d’attractivité plus ambitieuse et mieux maîtrisée, porteuse d’une vision d’avenir susceptible de les séduire». Aux premiers rangs de leurs récriminations figurent l’absence de «signal fort» en matière de «flexibilité» administrative, juridique et fiscale, de soutien à l’innovation et de réduction des charges sociales. Ces dernières «étranglent» les entreprises, ce qui «ruine la compétitivité et l’emploi» selon le sévère témoignage de Patrick Artus, directeur de la recherche de Natixis cité par le rapport.

Les investisseurs ont su pourtant saluer les promesses du Grand Emprunt ou la suppression de la taxe professionnelle. La réussite de l’opération séduction pourrait passer par le développement des grandes agglomérations au travers de «projets d’aménagement structurants et de campus de rang international», au-delà de Paris qui reste la deuxième ville la plus attractive en Europe. Derrière Londres.

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