La féminisation de la gestion de fonds est au point mort

Les femmes ne représentent que 12,1 % des gérants, selon l’Alpha Female Report 2023 de Citywire. Les sociétés de gestion ne leur confient que peu de nouveaux fonds.
femmes hommes
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La féminisation de la gestion d’actifs fait du surplace. Sur les douze derniers mois, la part des gérantes est passée de 12 % à 12,1 %... après des gains déjà modestes un an plus tôt, selon l’Alpha Female Report 2023 de Citywire. Lors de la publication de la première étude en 2016, la part des femmes gérantes était de 10,3 %. Sur sept ans, la progression n’a donc été que de 1,8 point. Pourtant, les sociétés de gestion ne cessent de mettre l’accent sur la diversité et l’inclusion. Mais la réalité du terrain montre qu’il reste fort à faire.

Pour Citywire, si les sociétés veulent passer à la vitesse supérieure, elles doivent améliorer l’équilibre hommes/femmes lors des lancements de fonds. Dans un contexte de réduction des coûts, le nombre de lancements de fonds a été plus que divisé par deux, de 562 à 274 sur douze mois. La part des nouvelles stratégies confiées aux femmes (ou à des équipes purement féminines) n’a été que de 6,2 %. En incluant les nouveaux fonds assignés aux équipes mixtes, les femmes ont été impliquées dans 15,7 % des lancements.

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Citywire note que, d’une manière générale, les femmes se voient confier des stratégies de niche ou spécialisées, comme celles sur un seul pays émergent par exemple, ou sur un secteur. Les femmes continuent de gérer aussi des fonds plus petits que ceux des hommes : 371 millions d’euros d’encours en moyenne contre 558 millions d’euros pour les hommes. Ces deux spécificités peuvent avoir un effet délétère. Lorsque l’économie ralentit, les sociétés de gestion ont tendance à se concentrer sur les stratégies principales, fermant ou fusionnant les petites et marginales…

Abrdn, Schroders et HSBC AM en pointe

Le secteur de la gestion a aussi du mal à retenir les talents femmes, montre encore l’étude. Le turnover des femmes reste largement supérieur à celui des hommes : 42 % contre 28 %. Selon Citywire, il semblerait que les évolutions positives post-pandémie aient été effacées. Ainsi, les politiques de télétravail de nombreuses sociétés de gestion deviennent moins souples, avec un retour au bureau exigé par nombre d’entre elles. C’est le cas chez BlackRock ou JP Morgan. Citywire juge négatif l’impact de ce recul pour les mères qui travaillent.

Malgré un état des lieux plutôt mitigé, quelques sociétés de gestion sont en pointe en matière de féminisation de la gestion. Ainsi, chez Abrdn, les femmes représentent 21 % des gérants, devant Schroders (18 %) et HSBC Asset Management (19 %). Mais même les bons élèves ont du mal à s’améliorer, Abrdn ayant perdu 3 points sur un an.

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Au-delà des réductions de coûts de côté, l’une des raisons clés du manque de progrès dans la parité est que les sociétés de gestion puisent toujours dans le même vivier de candidats. Il existe peu de gérantes expérimentées dans le secteur et, naturellement, elles se tournent vers les concurrents. Pour obtenir un meilleur équilibre hommes/femmes dans la gestion, les sociétés de gestion devraient plutôt s’investir davantage dans la formation de talents en interne.

Enfin, d’un point de vue géographique, les mêmes pays continuent à mener la danse en matière d’égalité hommes/femmes. Cinq pays seulement dépassent le seuil des 20 % : Taïwan (29 %), Hong Kong (25 %), l’Espagne (21 %), l’Italie (20 %) et Singapour. En France, la part des femmes gérantes est de 18 %.

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