La Fed va devoir tenir ses engagements pour éviter la déroute

Les économistes sont de plus en plus nombreux à anticiper un nouveau programme d’assouplissement monétaire (QE3), ou un mini QE, surnommé « QE2.5 »
Patrick Aussannaire

La Fed gagne du temps. Alors qu’elle était surtout attendue sur un éventuel nouveau programme d’assouplissement monétaire (QE3), ou d’un mini QE, surnommé «QE2.5», la Réserve fédérale a feinté. Sans annoncer aucune mesure, elle a donné une certitude aux marchés, qui en ont bien besoin: celle de conserver des taux exceptionnellement bas pendant au moins deux ans encore. Une certitude qui a un prix. Dans le cas où la croissance repartirait fortement dans ce laps de temps, il sera difficile de revenir sur cette promesse.

Mais en pleine crise de la dette, la Fed a apporté son soutien à Washington en permettant au Trésor de pouvoir emprunter à des niveaux de taux très bas, même en cas de redressement de la croissance. «La problématique de la dette est clairement moins forte avec ce soutien de la Fed», estime ainsi Aurel BGC. De plus, avec des taux longs durablement bas, ce qui garantit de conserver une courbe des taux pentue, la Fed espère que les investisseurs seront incités à privilégier les actifs risqués pour obtenir plus de rendement et se tourneront ainsi vers le marché actions.

De nouvelles mesures de soutien ont également été promises. Une hausse de la maturité du portefeuille obligataire d’Etat (actuellement à 5 ans), des rachats de titres mortgages, ou un apport de liquidité au système bancaire sont des pistes évoquées. Et les économistes de Goldman Sachs d’anticiper la mise en place d’un QE3. «Nous estimons désormais qu’il y a plus de chances que jamais que le FOMC reprenne un programme d’assouplissement quantitatif cette année ou au début 2012», écrit Jan Hatzius, économiste en chef de la banque.

Mais «les attentes des marchés vont être importantes: la Fed a promis de nouvelles mesures», avertit Aurel BGC. Dans ce contexte, le discours de Ben Bernanke le 26 août prochain sera déterminant, d’autant qu’il existe une fronde au sein du FOMC et que l’annonce a fait des dommages collatéraux sur le marché des changes, renvoyant le franc suisse et le yen vers leurs plus hauts. Et la stratégie de la Fed n’est pas garantie. «Une politique monétaire de taux zéro incite les investisseurs à se tourner massivement vers les actifs de duration nulle et à créer des bulles dans les actifs estimés non en fonction de leur productivité mais en fonction de leur rareté (matières premières)», rappelle la société de gestion GaveKal.

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