La Fed s’inquiète du décrochage des anticipations de marché

Les taux courts anticipés suggèrent actuellement une remontée des taux Fed funds nettement plus lente que les projections de la Fed elle-même
Patrick Aussannaire

La Fed ne souhaite pas perdre la main sur la courbe des taux. Intégrant des taux plus faibles que dans le passé, les taux implicites des contrats eurodollars suggèrent des Fed funds à 1,65% fin 2016, contre une prévision moyenne réalisée par les gouverneurs de la Fed («dot plot») mi-mars à 2,25%. A long terme, les «dot plots» intègrent un retour des Fed funds vers leur niveau naturel de 4%, alors que le marché table sur un stade final compris entre 2,5% et 3%.

Un écart de 100 pb qui suggère que les marchés ont «surinterprêté le discours accommodant de la Fed», selon SG CIB, avec ainsi un risque d’ajustement brutal des anticipations.

Un ajustement qui a déjà débuté sur la partie longue de la courbe. Après être tombé à 2,44% la semaine dernière pour revenir sur ses plus faibles niveaux depuis juin 2013, le rendement des Treasuries à 10 ans s’est depuis repris de 16 pb en quatre séances, dont 7 pb sur la seule journée de mardi. Dans le même temps, le taux 5 ans anticipé dans 5 ans s’est tendu de 65 pb depuis début mai pour atteindre 3,54%, son plus haut niveau depuis mars 2012.

Les marchés ont réagi aux inquiétudes croissantes concernant la faible prise en compte des risques par les investisseurs. Si l’indice Move mesurant la volatilité implicite des Treasuries est légèrement remonté à 61 points avec la hausse des rendements, il reste inférieur de 37 points à sa moyenne de long terme, et sa moyenne mobile sur 30 jours est revenue à 2 points de ses plus bas historiques de mai 2013, avant l’annonce du «tapering».

Une faible volatilité qui «témoigne d’un léger excès de confiance dans le fait que les taux resteront à des niveaux anormalement faibles de manière permanente», a indiqué le président de la Fed de Dallas, Richard Fisher. Même William Dudley, président de la Fed de New York et «colombe», a considéré ce niveau comme «inhabituellement faible», et craint «que les investisseurs se sentent trop à l’aise dans cet environnement, et prennent plus de risques que nécessaire».

La présidente de la Fed de Kansas City, Esther George, s’est prononcée en faveur d’une remontée précoce et rapide des taux pour limiter toute correction excessive. «Je m’inquiète du fait que conserver des taux bas jusqu’à fin 2016 pousse les investisseurs à chercher du rendement dans une économie qui tourne à pleine capacité». Barclays estime que la croissance américaine devrait rebondir à 3% au deuxième trimestre, après la contraction de 1% au premier.

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