La Fed inspire une défiance inédite envers les fonds obligataires américains

Le vaisseau-amiral de Pimco notamment a subi en juin un niveau record de décollecte de près de 10 milliards de dollars
Benoît Menou

Le discours de la Réserve fédérale américaine affole les investisseurs outre-Atlantique au sein des fonds obligataires. Ces derniers ont commencé à subir des retraits massifs dans le sillage du discours de Ben Bernanke le 22 mai, au cours duquel le président de la Fed assurait que l’institution pourrait bien commencer à réduire son programme de rachats d’actifs cette année si l’économie se portait mieux. Un programme soutenant le marché obligataire par le biais de l’achat d’obligations d’Etat, les Treasuries. Le 19 juin, Ben Bernanke envoyait un nouveau signal en évoquant une possible fin du programme mi-2014. Un discours qui a eu pour effet sur le mois de juin un relèvement de 36 points de base à 2,49% du rendement des Treasuries à 10 ans.

Les gérants obligataires ont eu beau appeler à la sagesse, en indiquant que la réaction était excessive et que le pire était passé, leurs clients ont fait la sourde oreille et retiré des montants importants. Les statistiques publiées hier par Morningstar révèlent ainsi un niveau inédit de collecte nette négative pour le plus important fonds obligataire au monde, le Total Return de Pimco, géré par l’emblématique Bill Gross. A fin mai, le portefeuille du fonds était constitué de Treasuries à hauteur de 37%. Son encours s’élève fin juin à 268 milliards de dollars. Après avoir subi en mai une décollecte de 1,3 milliard, premier mois dans le rouge depuis décembre 2011 selon Morningstar, le fonds a concédé des sorties nettes en juin pour 9,6 milliards, un montant record depuis que la société de recherche publie les statistiques, soit depuis 1993.

Le fonds Total Return de Pimco n’est pas la seule victime. TrimTabs Investment Research souligne que les mutual funds et les fonds indiciels cotés (ETF) dédiés à l’obligataire ont abandonné le mois dernier quelque 79,8 milliards de dollars d’actifs. La perte de 70,8 milliards sur les seuls mutual funds représente près du double du précédent record de 41,8 milliards observé en octobre 2008. Ce contexte morose a même contraint Jeffrey Gundlach à mettre genou à terre. L’ancien gérant-vedette de TCW et fondateur de DoubleLine Capital a subi en juin le tout premier mois de collecte nette négative pour son principal fonds créé en avril 2010. Son encours est ramené à 38,7 milliards après des retraits de 1,2 milliard en juin, selon Morningstar. Le 4 juin dernier, Jeffrey Gundlach visait avec optimisme un rendement des obligations d’Etat à 10 ans de 1,7% à fin 2013.

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