La Fed cherche des moyens de prolonger la faiblesse des taux directeurs

Deux articles rédigés par des membres de la Fed militent pour un abaissement du seuil de taux de chômage déclenchant une hausse des taux, à 5,5%
Patrick Aussannaire

La Fed cherche à retarder le lancement, pourtant inévitable, de la normalisation de sa politique monétaire. A l’aube de la conférence du FMI qui se tiendra en fin de semaine, durant laquelle s’exprimera Ben Bernanke, les derniers commentaires couchés dans deux articles signés de la plume de David Wilcox et William English, respectivement responsables de la recherche économique et des affaires monétaires à la Fed, donnent un aperçu plutôt accommodant de l’orientation des discussions qui ont lieu au sein du FOMC. Les deux auteurs y défendent l’idée que le seuil minimum du taux de chômage déclenchant le cycle de normalisation des taux directeurs américains pourrait être abaissé de 6,5% à 5,5%.

Constatant que «le niveau du ralentissement économique est et demeure relativement élevé», William English explique que «des stratégies de seuil peuvent fournir une relance supplémentaire provenant de l’engagement conditionnel à maintenir une politique accommodante plus longtemps que ne le feraient les dirigeants politiques dans un équilibre discrétionnaire». Les auteurs estiment que la réduction du seuil permettrait d’atténuer le resserrement des conditions financières engendrées par le lancement du «tapering», alors que la Fed craint que l’ambiguïté de son discours ait un impact adverse sur les anticipations monétaires.

Eric Rosengren, président «colombe» de la Fed de Boston, estimait quant à lui que reporter le «tapering» représente un risque pour le bilan de la Fed. En outre, William English reconnait lui-même les risques de perte de crédibilité qu’entraînerait la modification du seuil, ainsi que ceux que fait courir une politique accommodante trop longue pour la stabilité financière. A la dernière réunion du FOMC, certains membres envisageaient même de fixer un seuil plancher d’inflation à 1,5%.

Dans ce contexte, la partie courte de la courbe américaine a bien résisté avec un taux à 2 ans stable alors que le 10 ans s’est tendu de 15 pb depuis son point bas de 2,50% du 23 octobre. «La Fed peut-elle sérieusement convaincre les marchés qu’elle est en mesure de maintenir les taux directeurs en dessous des niveaux prescrits sans avoir ensuite à se montrer excessive dans les années à venir?», se demande la SG. Parallèlement, le taux à un an anticipé dans 5 ans s’est sensiblement écarté du taux anticipé dans un an pour atteindre 36 pb, alors que l’écart était nul mi-septembre.

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